Saint-Barth -

Un collectif de pilotes privés demande l’annulation d’un arrêté préfectoral qui limite leur accès à l’aéroport de Guadeloupe quand ils sont en provenance d’îles étrangères mais aussi de Saint-Barthélemy et Saint-Martin. ©Aéroport Pole Caraïbe / Aeroworx

Aviation : les pilotes privés s’insurgent contre un arrêté préfectoral

L’arrêté préfectoral daté du 2 octobre et signé de la main de Xavier Lefort, préfet de Guadeloupe, est presque passé inaperçu. Il faut avouer qu’il ne concerne, a priori, qu’une partie des opérateurs du secteur aérien. En l’occurrence, les pilotes privés. Ces derniers ont très vite réagi puisque, réunis en collectif, ils ont rédigé une missive cinglante à l’attention de la presse et, par la même, au préfet de région. Dans ce document, daté du 14 octobre, le Collectif pilotes Caraïbe « s’insurge contre l’arrêté non seulement inique, mais liberticide du préfet de Guadeloupe ».
Par cet arrêté, le préfet Xavier Lefort instaure une réglementation plus stricte à l’encontre des appareils effectuant un vol privé en provenance « d’un pays tiers », des collectivités de Saint-Martin ou de Saint-Barthélemy et à destination de l’aéroport Maryse Condé. Exemple : l’obligation de transmettre « aux autorités douanières, au service de la police aux frontières et à la brigade de gendarmerie des transports aériens avec un préavis de 24 heures au plus tard, avant l'heure prévue de décollage, et deux heures avant celui-ci, une déclaration générale précisant les dates et horaires du vol, et des informations sur l'identité de l'équipage et des passagers comportant les noms et prénoms, dates de naissance, numéros du titre d'identité, ainsi que la description des marchandises transportées ». Les horaires d’atterrissage sont également limités entre 9h30 et 18 heures.

Pour lutter contre la criminalité
Pour justifier sa décision, le préfet évoque le niveau « très élevé » de délinquance en Guadeloupe, « structurellement croissant avec un nombre d'homicides et de vol avec arme à feu bien au-dessus de la moyenne nationale ». Il mentionne « l'accroissement des saisies de stupéfiants constaté en Guadeloupe, en particulier les saisies de cocaïne relevées par le service des douanes à l'aéroport pôle caraïbe, notamment par transport de drogue ingérée par des passeurs étrangers au départ de la Guadeloupe vers la métropole ».
Le représentant de l’État établit un lien direct entre ces faits et la proximité de la Guadeloupe avec « de nombreuses îles étrangères permettant des déplacements rapides par avion ». En assimilant, par conséquent, Saint-Barthélemy et Saint-Martin à ces « îles étrangères ».
Pour le collectif des pilotes, cette « association d’image de criminalité et de l’aviation privée n’est pas acceptable » et il la qualifie de « fallacieuse ». Particulièrement au sujet du plan de vol. « Ce serait ignorer le fait que tous les avions ont l’obligation de remplir un plan de vol transmis 30 minutes avant le départ de tout aéronef, commente le collectif. Cette méconnaissance des procédures par les services de l’État nous laisse interdits. »

« C’est presque insultant »
Du côté de la direction de l’aéroport de Saint-Barthélemy, l’incompréhension est également de mise vis-à-vis de l’arrêté préfectoral du 2 octobre. L’atteinte au droit de circuler est ainsi évoquée. Mais aussi une forme de discrimination. « On n’est pas là pour être tenu responsables de toutes sortes de trafics en lien avec des problèmes de délinquance rencontrés en Guadeloupe, c’est presque insultant », commente la direction, qui ajoute : « Il existe des moyens bien plus efficaces qui permettraient de limiter ce genre de problématique en Guadeloupe sans créer de gène inutile et disproportionnée pour les usagers de la circulation aérienne. »
Depuis la publication de l’arrêté préfectoral, le Collectif pilotes Caraïbe a saisi le tribunal administratif afin de réclamer l’annulation du document signé par le préfet Lefort. « Nous demandons le retrait immédiat de cet arrêté, non fondé, non justifié, et insultant à l’égard des opérateurs privés », insiste le collectif. Pour l’heure, l’arrêté est toujours en vigueur.
 

Journal de Saint-Barth N°1588 du 24/10/2024

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