La station d’épuration a été rénovée de fond en comble des dégâts causés par l’ouragan Irma. Elle voit venir une autre problématique : le volume des boues produites, actuellement incinérées à Public, est en constante augmentation.
Entre l’arrivée des eaux usées à la station d’épuration de Gustavia, que ce soit par réseau ou par camions, et la sortie d’une eau limpide en mer, derrière la digue, tout fonctionne désormais. Mais ce ne sont pas 100% des effluents qui ressortent en mer. A la fin, il reste à la station d’épuration des boues, qui partent directement chez Dalkia Wastenergy et sont incinérées dans le four, à raison de 10 tonnes par semaine. Un chiffre maximal pour l’usine d’incinération, qui doit les injecter petit à petit dans la fournaise.
Espace manquant
Ce volume de boues ne fait que grossir, et s’il continue, la Saur, qui exploite la station d’épuration par le biais d’une délégation de service public, ne saura plus qu’en faire. « Le but, c’est que les boues soient le plus sèches possibles. Plus elles sont sèches, plus elles sont faciles à incinérer. Ici, nous manquons d’espace pour le séchage, nous obtenons donc des boues dites pâteuses », explique Maëlle Servanton, responsable de l’équipement. « Que ce soit via le réseau de Gustavia, ou depuis les hôtels, les arrivées d’effluents sont en constante augmentation. »
Pour répondre à ce problème, deux solutions possibles : la création d’un bassin de 200 m3 à la station d’épuration, ou l’investissement dans une seconde filière de déshydratation de ces matières (une nouvelle centrifugeuse). La Saur et la Collectivité planchent actuellement sur la première option, qui est au stade de l’étude de faisabilité.
Autre possibilité qui soulagerait la station d’épuration : la promesse de la construction par Dalkia Wastenergy d’une chaudière biomasse sur le site de Public, qui permettrait d’augmenter le volume de boues incinérées. Mais de ce côté aussi, le projet n’en est qu’au stade de l’étude.
___________________________________
Circuit fermé
Tout est en place, il ne manque que l’accord de l’ARS : l’eau filtrée de la station d’épuration sera bientôt réutilisée pour l’arrosage des jardins publics, notamment celui du parking de l’hôpital. A terme, elle pourra aussi être utilisée par l’Agence territoriale de l’environnement, qui travaille sur un projet de jardin de plantes endémiques au fort Karl. C’est aussi ce que fera le Guanahani, qui a complètement revu son infrastructure d’assainissement, obsolète, pour se doter d’un dispositif dernier cri.
___________________________________
Mises en demeure
Les professionnels du secteur (Collectivité et entreprises) ont présenté les différents systèmes d’assainissement individuel installables sur l’île. Avec un mot d’ordre : chaque individuel doit opter pour du sur-mesure, en tenant compte de l’utilisation prévue, de la nature du sol, de l’emplacement en littoral ou non, etc. L’assainissement individuel est un serpent de mer à Saint-Barthélemy : entre les désaccords sur la pertinence ou non des fameux « puisards » traditionnels, et les nombreux problèmes de pollutions causés par des équipements défaillants, mal entretenus ou insuffisants, les problématiques sont nombreuses. Si aucun chiffre n’a été donné lors des Assises, le cabinet Pareto, missionné en 2016 sur le sujet, évoquait 71% d’installations hors normes. Pour la Collectivité, difficile de faire cesser le problème d’un claquement de doigts. Mais une nouvelle idée est à l’étude. « Nous envoyons plusieurs dizaines de mises en demeures de réaliser des travaux chaque année », informe Thierry Aron, directeur de cabinet du Président. « On réfléchit actuellement à une façon d’imposer de vider les cuves dès que nécessaire, que ce soit tous les mois, toutes les semaines ou tous les trois jours. L’impact financier non négligeable pourrait pousser les propriétaires à se mettre aux normes. »
JSB 1306