Sur les 6.500 actifs de Saint-Barth, 4.400 sont ou ont été au chômage partiel en raison de la crise sanitaire. Ce dispositif de sauvegarde de l’emploi est efficace mais très onéreux pour l’Etat : plus de 21 millions d’euros seulement pour notre petite île, 24 milliards pour la France entière. Le gouvernement amorce une sortie en douceur à compter de lundi 1er juin.
Recours massif au chômage partiel sur notre île : 4.368 salariés de 659 établissements sont concernés, selon les chiffres publiés par la préfecture de Guadeloupe la semaine dernière. C’est énorme, puisque la population active à Saint-Barthélemy compte 6.454 hommes et femmes (chiffre Iedom 2016).
Sur notre île 40% des actifs au chômage partiel relèvent du secteur de l’hôtellerie restauration ; 22% du BTP et 15 % du commerce.
Ce sont 2,2 millions d’heures de travail qui sont ainsi payées par l’Etat, un coût que l’on estime à plus de 21 millions d’euros.
En ajoutant l’archipel Guadeloupe et Saint-Martin, le coût de ce dispositif sera gigantesque : il s’appliquera à 26,5 millions d’heures chômées. Au 18 mai, 45,6 millions d’euros ont déjà été versés pour ces territoires, soit 16% de la facture globale qui s’élèvera aux alentours de 260 millions d’euros. Le coût final du chômage partiel en France est estimé à 24 milliards d’euros…
Une mesure faramineuse donc, mais qui évite aux Français la situation que vivent les Américains : là-bas 37 millions de personnes ont perdu leur emploi depuis le début de la crise. Les entreprises licencient, et espèrent pouvoir reprendre leurs ex-salariés quand l’activité sera relancée. En attendant, ceux-ci perdent leur revenu mais aussi leur couverture médicale…
A partir de lundi, la prise en charge diminue
Quoi qu’il en soit, le gouvernement français a annoncé lundi la sortie en douceur du dispositif de chômage partiel, à compter du lundi 1er juin. La part prise en charge par l’Etat passera de 100% à 85% de l’indemnité versée au salarié.
Jusqu’ici, les actifs au chômage partiel touchaient 84% de leur salaire, dans la limite de 4,5 Smic (qui est à 1.539 euros brut, donc le plafond du chômage partiel se situe à près de 7.000 euros), et 100% de leur salaire s’ils sont au Smic.
Alors que depuis le mois de mars tout est financé par l’Etat, les entreprises devront maintenant s’acquitter de 15% des indemnités versées à leurs employés au chômage partiel.
Les secteurs les plus touchés devraient conserver le système actuel avec 100% du dispositif payé par l’Etat. Il s’agit notamment de la culture, l’hôtellerie restauration, les secteurs du tourisme. Cela devra être précisé rapidement dans un décret.
Objectif : « Encourager la reprise d'activité dans les secteurs qui ne subissent plus de contraintes à la reprise, tout en préservant les secteurs qui demeurent fermés ou très impactés », résume le ministère du Travail dans un communiqué. Ce dernier a également annoncé un renforcement des contrôles pour éviter les fraudes au chômage partiel. Les Dieccte chargées de ces vérifications se pencheront en particulier sur « les entreprises dans les secteurs très fortement consommateurs de chômage partiel, et où le télétravail était possible pour une majorité de l'effectif. » Les responsables d’entreprises fraudeuses encourent deux ans d’emprisonnement et 30.000 euros d’amende, notamment.
Malgré ces aides, la France s’attend désormais à une vague de licenciements. Selon un sondage StaffMe publié dans Le Parisien du 21 mai dernier, 22% des entreprises interrogées envisagent de licencier.