Saint-Barth -

« Pitou » s’en est allée

A Saint-Barth, tout le monde ou presque l’appelait « Pitou ». Le samedi 5 avril, Micheline Carrères est décédée à l’âge de 89 ans, dans le Cher. Nombreux sont les lecteurs qui se souviendront d’elle en tant que professeure de français au collège Mireille Choisy. Le fait même d’écrire le mot professeur au féminin nous aurait certainement valu une réflexion sur l’évolution des règles orthographiques ! Femme passionnée, Pitou aimait découvrir ou redécouvrir les artistes de tous horizons. Voyageuse dans l’âme, elle a partagé avec les lecteurs du JSB ses nombreuses péripéties. Épouse de l’un des fondateurs du Journal de Saint-Barth, Georges Carrères, ses liens étroits avec le Journal ont perduré au-delà de son départ de l’île, en mai 2017. L’île de Saint-Barthélemy et ses habitants étaient dans le cœur de Pitou, comme le montre le poème, à lire ci-dessous, qu’elle a écrit en 1990.
Une cérémonie religieuse s'est déroulée à l'église de Boulleret (Cher), dans la matinée de ce vendredi 11 avril.

Nous souhaitons adresser nos sincères condoléances et notre affection à ses enfants Nathalie et Christophe ainsi qu’à ses petits-enfants et arrières petits-enfants.

Réaction
Xavier Lédée, président de la Collectivité territoriale
« C’est avec beaucoup d’émotion que j’ai appris le décès de madame Carrères. Quelques semaines après celui de Marceline Buret, c’est une nouvelle fois une grande tristesse pour le monde de l’éducation de Saint-Barthélemy. Pitou faisait partie des piliers de l’enseignement au collège Mireille Choisy dans les années 1980 et 1990. Elle a pu donner le goût du français à de nombreux élèves, avec une rigueur que tout le monde lui reconnaissait. »

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Saint Barthélemy

Fragile passerelle
Entre mon passé chargé d'orages
Et de débris de rêves
Et mon avenir incertain
Ou plutôt certain d'aller buter
Sur les contreforts inhospitaliers du néant
Saint-Barthélemy
Tu es de la beauté enchâssée dans la mer
Et jamais mes yeux ne seront assez grands
Ma mémoire assez fidèle
Pour inscrire
Dans les circonvolutions étourdies de mon cerveau
Ta pure et simple beauté
Beauté, beauté, beauté, beauté
Nul autre mot ne monte à mon esprit.

J'aime tes pluies douces
Rougissant le tronc du gommier
Et les feuilles de latanier
Se déchirant dans le vent du cyclone
J'aime les grands flamboyants
Et la fleurette des champs jaunis
Ondulant comme la mer
J'aime les murs de pierres
Témoins entêtés de l'amour
De la terre

Et j'aime aussi
Ces grands hommes secs
Habités par l'orage
Et ces tendres femmes meurtries
Qui ont enfanté dans la douleur
Des enfants blonds et beaux
Cachant leur âme
Sous un masque hâlé de soleil

J'aime la vague assoupie
Qui vient lécher
Le pied du passant
Et les cimetières fleuris
Des flammes de la Toussaint
J'aime le colibri si pressé
D'user sa vie dans un battement d'ailes effréné
Et les nuages baroques qui naviguent dans le grand ciel
J'aime les couleurs de la mer

Et j'aime aussi ces grands hommes durs
Habités par le passé
Et ces tendres vieilles flétries
Tendant leurs mains noueuses
A l'amour de leurs petits-enfants
Bruns et beaux
Cachant leur âme
Sous le visage lisse
De l'innocence.

Pitou, 1990

 

Journal de Saint-Barth N°1611 du 10/04/2025

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