Saint-Barth - Napoléon Gréaux dit

Napoléon Gréaux tire sa révérence

A Flamands, son petit sourire complice et jovial, son éternelle bienveillance et, bien souvent, ses quelques bons mots teintés d’humour ne viendront plus éclairer la journée des habitants du quartier. Le mercredi 15 janvier, « Boulon » s’en est allé. Napoléon Gréaux, une des figures emblématiques de l’île, a tiré sa révérence à l’âge de 88 ans. « Avec pudeur et dignité, le visage serein, la conscience d’avoir accompli ta mission sur Terre, apporter un peu de bonheur aux autres », comme l’ont indiqué ses proches lors de la cérémonie religieuse qui s’est tenue hier, le mercredi 22 janvier, en l’église Notre-Dame de l’Assomption, à Gustavia. Napoléon Gréaux, comme « Djo » Félix décédé le 23 décembre dernier à l’âge de 92 ans, était un personnage de Saint-Barthélemy. L’un de ceux qui portait près d’un siècle d’histoire. Sa disparition n’est pas qu’une perte pour sa famille et ses proches, elle l’est  aussi pour l’île.

Une enfance à l’épreuve de la rudesse de l’île
Napoléon Gréaux a vu le jour le 11 janvier 1937. Il est le sixième enfant d’une famille qui en comptera douze. Son enfance, il la vit sur une île qui ne ressemble en rien à ce qu’elle est devenue aujourd’hui. « A cette époque, la vie était ingrate, dure sur notre petit rocher perdu au milieu de l’Atlantique », ont rappelé ses enfants lors de la cérémonie des obsèques. En ces temps désormais lointains, les enfants apportaient naturellement leur contribution journalière aux tâches de la maison. Dès leur plus jeune âge.
Tandis que ses frères ne tardent pas à embarquer sur des goélettes à destination de la Guadeloupe pour y vendre du poisson salé pêché par leur père, quand ils ne travaillaient pas sur les quelques chantiers de l’île, le jeune « Boulon » assiste ses parents dans la petite boutique attenante à la boulangerie créée par son papa à Flamands. Dès l’aube, il s’active aux côtés de son oncle Antoine, surnommé Anquêne, qui épaule le père au pétrin comme au four à bois. Un bois qui a préalablement été ramassé dans la colline par Napoléon et ses sœurs, Lucina et Solange. Un quotidien fait d’efforts, d’engagement, de persévérance et de patience. Le tout agrémenté, imagine-t-on quand même, de quelques rires fraternels au sein d’une famille soudée autour du patriarche. Ainsi se passe l’enfance de «Boulon ».
Plus tard, l’usure de la vie et des rudesses imposées par Saint-Barthélemy contraignent son père à mettre un terme à son activité et à en transmettre la charge à ­Napoléon.

Intelligence de cœur
Dès lors, « Boulon » s’affaire à la fabrication quotidienne du pain à Flamands. Mais il y ajoute une épicerie qu’il nomme « Sainte-Hélène », en référence à l’île sur laquelle l’empereur Napoléon 1er mourut en exil en 1821. Dans cette épicerie de quartier, Napoléon Gréaux accueille chaque jour ses clients pendant de longues années. «Ceux qui te croisaient quotidiennement ont pu y prendre la mesure de ta grandeur d’âme, de ton intelligence de cœur, toi qui spontanément proposait une solution qui préservait la dignité de tes modestes clients », a-t-il été raconté avec émotion pendant la cérémonie des obsèques. Si Napoléon Gréaux a laissé des souvenirs à l’île de Saint-Barthélemy et au quartier de Flamands, il leur abandonne aussi et surtout une descendance.

Le 29 décembre 1979, il épouse Rolande et de leur union vont naître Honoré, Virginie et Jean-René. Suivront des petits enfants (Hugo, Clémentine, Alix, Noémie et Tiago). Une famille qui entretiendra la mémoire de celui qui fut le sourire de Flamands et qui emporte avec lui une part de l’histoire du quartier et de l’île de Saint-Barthélemy.

   

Journal de Saint-Barth N°1600 du 23/01/2025

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