Saint-Barth -

Photo ©hôpitaldebruyn

Décès du docteur Edgard Weill : « Un personnage rare et un médecin dévoué »

«Un grand monsieur», «le meilleur des médecins», « un homme bon »… S’il aimait à cultiver la discrétion, l’annonce de son décès à l'âge de 84 ans dans l’Hexagone a immédiatement déclenché une vague de témoignages à Saint-Barthélemy. Car le docteur Edgard Weill, dont la nouvelle de la disparition s’est répandue dès le mardi 4 février, n’a eu de cesse pendant près de cinquante ans de faire bénéficier les habitants de Saint-Barthélemy de ses compétences médicales, de son professionnalisme et, comme beaucoup de ses anciens patients le soulignent, de sa gentillesse et de son écoute. « Le docteur Weill, c’est un personnage de plus en plus rare », témoigne Charles Querrard, ancien maire de Saint-Barthélemy qui côtoya le praticien au sein de l’hôpital de Bruyn.
C’est dans les années 1970 que « Eddy », comme l’appelait certains intimes, débarque à Saint-Barthélemy. « Il est arrivé par bateau, je crois », tente de se souvenir l’un de ses proches sur l’île. Peu importe. A l’époque, les médecins sont rares. Particulièrement à Saint-Barth. Par son dévouement, il devient rapidement celui vers lequel tout le monde se tourne lorsque l’intervention d’un docteur est nécessaire. Mais il ne rechigne pas non plus à se muer en… vétérinaire quand on réclame son aide.
En ligne, l’hôpital de Bruyn a publié un communiqué dans lequel il est écrit : «Homme humble et discret, le docteur Edgard Weill a consacré une grande partie de sa vie à soigner et accompagner les habitants de notre île avec bienveillance et dévouement. Il a été un acteur clé du développement de l’hôpital De Bruyn et de l’amélioration de l’offre de soins sur notre territoire. Toujours animé par la volonté d’aider, il a œuvré sans relâche pour apporter son expertise et son humanité à ceux qui en avaient besoin.
Son engagement et son ­héritage resteront gravés dans la mémoire de notre hôpital et de toute notre communauté. »

« D’une très rare compétence »
Charles Querrard se souvient de sa rencontre avec le docteur Weill, au milieu des années 1970, lorsqu’il a occupé le poste de directeur de l’hôpital. « Il y avait deux religieuses-infirmières, deux personnels de ménage et le docteur Weill, raconte-t-il. Il exerçait à temps partiel à l’hôpital et le reste du temps en libéral (dans son cabinet de Gustavia, ndlr). J’ai tout de suite été admiratif de ce médecin. Il était d’une très rare compétence, ne se trompait jamais de diagnostic. Il vivait pour la pratique de la médecine et était entièrement à la disposition de la population. » Le futur maire s’aperçoit aussi au fil du temps que le docteur Edgard Weill exerce sa profession dans le plus grand désintérêt. « Je me suis rendu compte qu’il ne s’intéressait pas à l’argent, confie Charles Querrard. Ses tarifs étaient très bas. Il était célibataire et ne fréquentait que peu de gens. Il avait une conscience incroyable de l’exercice de la médecine. Alors quand il disait qu’il fallait évacuer un malade vers la Guadeloupe, je ne posais pas de question. » Évidemment, les anecdotes ne manquent pas. De la Peugeot 404 break transformée en ambulance à la tentative de réanimation avec le fil dénudé d’une simple lampe sur un patient déjà décédé à son arrivée à l’hôpital.

« Bienveillant, généreux et discret »
« Quand il faisait les accouchements, à domicile à l’époque, son chien restait sous la table et personne n’aurait eu l’idée de protester », sourit Charles Querrard. Il se souvient aussi de la réorganisation de l’hôpital avec la création de deux lits de maternité. « Avec un service d’accouchement à l’hôpital, il risquait de perdre sa clientèle, et pourtant c’est lui qui a convaincu ses patients qu’accoucher à l’hôpital serait plus sûr, raconte Charles Querrard. J’ai énormément d’anecdotes qui montrent que c’était un médecin consacré. Il a fait ça toute sa vie, encore récemment. Il était exemplaire. »
Des petits « bobos » soignés aux vies sauvées, le docteur Edgard Weill aura marqué de son empreinte plusieurs générations d’habitants de Saint-Barthélemy. « Médecin d’une immense bienveillance, généreux et discret, il incarnait un dévouement sans faille et une conscience professionnelle exemplaire, écrit le conseiller territorial Romaric Magras. Il aura marqué et servi plusieurs générations, laissant une empreinte indélébile dans le cœur de ceux qui ont eu la chance de le connaître. » Le président de la Collectivité territoriale, Xavier Lédée, a également écrit en ligne : «En vivant plus de cinquante ans parmi nous, il s’était fait de très nombreux amis et beaucoup le regretteront. Nombreux sont ceux qui affirment encore aujourd’hui qu’un jour il leur a sauvé la vie. »
 

Journal de Saint-Barth N°1602 du 06/02/2025

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