Jean Raspail s’est éteint à l’âge de 94 ans, samedi. Auteur très controversé pour ses positions racistes, il a bourlingué dans les Antilles dans les années 60 et écrit sur elles, notamment sur l’île de Saint-Barthélemy.
L’écrivain Jean Raspail est décédé à l’âge de 94 ans à Paris, dans un hôpital. Son fils l’a annoncé samedi 13 juin. Il avait reçu plusieurs distinctions pour son œuvre, et notamment le Grand prix de littérature de l’Académie française en 2003. En France, Jean Raspail est surtout connu pour son roman “Le Camp des Saints”, dans lequel il raconte la submersion de la Côte d’Azur par des hordes de migrants nécessiteux venus du continent d’en face. Un livre érigé en étendard par les théoriciens du grand remplacement, qui serait aujourd’hui impubliable, tombant lourdement sous le coup de la loi, vu les passages de racisme crasse qu’il comporte.
Ses ouvrages consacrés aux Antilles n’en sont pas dépourvus non plus. Jean Raspail a exploré nos îles au milieu des années soixante. Dans “Secouons le cocotier”, loin des images de plages turquoises, de sable chaud, de naïades et de cocktails sous les palmiers, il décrit les assauts des moustiques, les balades nocturnes dans la morne commune du Raizet en Guadeloupe. Il consacre plusieurs chapitres à l’île de Saint-Martin, qu’il qualifie d’île de l’illogisme, déchirée entre deux nations, deux monnaies et deux courants électriques. C’est drôle et bien écrit.
Mais très vite ça se gâte. Si on est au départ ravi de lire autre chose sur les Antilles que les poncifs touristiques habituels, la suffisance, la condescendance et le racisme latents dans chaque page poussent vite à refermer le bouquin.
Admiratif de Remy de Haenen
L’une des rares personnes qui semble avoir trouvé grâce aux yeux de l’auteur, c’est Remy de Haenen, qu’il rencontre à l’Eden Roc alors qu’il est maire de Saint-Barthélemy. Pour le reste, les Saint-Barths sont dépeints comme un ramassis de paysans incultes et consanguins, pingres qui plus est. Jean Raspail apprécie tout de même leur côté “vieille France” ; et s’attache si bien à l’île qu’il y retourne trois ans plus tard. Dans le second tome de “Secouons le Cocotier”, intitulé “Punch Caraïbe”, il balance tout de suite ce qui lui plaît dans son arrivée à Saint-Barthélemy : voir enfin des Blancs dans cette succession d’îles peuplées de Noirs. Sauf qu’il en trouve, finalement, des Noirs, lors d’une soirée Chez Joe, et cela lui inspire des pages et des pages de logorrhée nauséabonde.
Son décès a suscité de l’émotion dans les rangs de l’extrême droite qui le surnomme “le prophète” (Jean Raspail avait toujours réfuté tout lien avec le Front National, mais se disait de “droite, droite”). Robert Ménard, Bruno Gollnisch, Jean Messiha ont salué son œuvre sur Twitter. Marine Le Pen, présidente du Rassemblement national, a déploré « une immense perte pour la famille nationale », et invité les Français à « (re)lire Le Camp des Saints qui, au-delà d’évoquer avec une plume talentueuse les périls migratoires, avait décrit impitoyablement la soumission de nos élites. »
JSB 1380