Saint-Barth - Atlas des cyclones des antilles françaises

L’Atlas des cyclones, un outil pédagogique pour mieux connaitre les phénomènes

Les cyclones marquent des générations. Et le phénomène qui s’ancre dans les souvenirs des habitants d’une même île diffère selon l’époque. Mais quels sont les cyclones qui ont impacté Saint-Barth il y a cent ans, deux cent ans ou même au XVIIIe  siècle ? Le site Atlas des cyclones des Antilles françaises permet de répondre à ces interrogations. Fondée par trois férus de cyclones, Roland Mazurie, François Borel et Jean-Claude Huc, cette encyclopédie en ligne rassemble une documentation prolifique sur les phénomènes cycloniques des Petites Antilles depuis 1635. Un total de 239 phénomènes sont répertoriés, avec pour les plus récents d’entre eux des données météorologiques précises telles que la pluviométrie et l’intensité du vent, ou encore la reconstruction d’imagerie satellite par intervalle de trente minutes pour les phénomènes postérieurs à 1979. Et pour chacun des cyclones depuis 1635, les trois passionnées ont rédigé un dossier entier qui liste les impacts et les effets du phénomène sur les îles françaises, puis les autres îles de la Caraïbe.

« On ne savait pas dans quoi on s’embarquait »
« Si vous allez dans l’Atlas et que vous vous amusez à le lire, vous n’allez pas prendre de vacances pendant trois ans », résume François Borel. L’informaticien en convient, la production de cet Atlas des cyclones des Antilles françaises était chronophage : «On ne savait pas dans quoi on s’embarquait, plus on y allait, plus ça devenait passionnant et plus on comprenait l’apport que ça pouvait représenter. » Ce projet est guidé par une envie : le partage des connaissances sur les cyclones. Le même objectif qui a conduit à la création de l’amicale des cyclones en 1996. Cette association a été fondée par le célèbre présentateur météo Alain Gillot-Pétré, l’ingénieur météorologue Roland Mazurie et le «cyclonologue », comme se surnomme Jean-Claude Huc. François Borel les ayant rejoints peu après. Les passionnées cherchent à combler l’absence de « travail pédagogique » sur les phénomènes cycloniques. Informaticien de profession, François Borel s’embarque dans une «recherche effrénée » de reconstitution des séquences d’imagerie satellite des cyclones. « On s’est lancé dans la fabrication du comportement de tous les cyclones qui ont intéressé les Petites Antilles », précise le Guadeloupéen. Directeur de la station Météo France de Guadeloupe pendant plusieurs années, Roland Mazurie propose d’y ajouter les données des stations.

Un manque de données pour Saint-Barth
Après le passage du cyclone Maria en 2017, les trois comparses créent un rapport d’analyse « pour partager à la population le comportement particulier de ce phénomène et glisser des informations pédagogiques ». L’idée leur vient alors de créer un Atlas de la Guadeloupe, répertoriant tous les phénomènes qui ont impacté en vent ou en pluie l’archipel, ou ceux comportant un « intérêt pédagogique ». Les trois passionnés vont même présenter le résultat à Météo France, qui les incitent à élargir leurs recherches pour inclure la Martinique, Saint-Martin et Saint-Barth. Mais pour les Îles du Nord, le travail n’est pas aisé. « Ce sont les territoires les moins bien renseignés, regrette François Borel. Les Îles du nord n’ont pas été bien traitées dans le domaine de l’archivage et de la conservation. » Le Guadeloupéen cite notamment le passage de Lenny qui a endommagé les archives papiers. Il évoque aussi, plus simplement, l’absence de mention de ces îles dans la presse ou dans les rapports des gouverneurs.

Proposition de trajectoire
Pour les périodes de 1635 à 1850, et de 1851 à 1959, les auteurs du site se sont basés sur la presse locale et les comptes-rendus des autorités. « En termes de connaissance de cette histoire, il n’y a rien, avance François Borel. Il y a deux ou trois cyclones qui ont fait l’objet d’ouvrages, mais pour la plupart, on a des listes avec des dates, et c’est tout. » L’Atlas des cyclones des Antilles françaises compile toutes les informations relatives au passage de ces phénomènes sur les Petites Antilles, tout en proposant une trajectoire. « C’est quelque chose qui n’existe pas », souligne François Borel. Par exemple, il est fait mention d’un cyclone qui a touché les Petites Antilles entre le 30 et le 31 août 1772. Concernant Saint-Barth, « de nombreuses maisons (cases pour la plupart) furent détruites tout comme quasiment toutes les plantations ». Un puits d’informations sans fin, puisque les créateurs de l’Atlas actualisent leur site avec les nouveaux phénomènes.

 

 

Journal de Saint-Barth N°1587 du 17/10/2024

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