Pour beaucoup d’observateurs, il ne devait s’agir que d’une «petite tempête ». A Saint-Martin et Saint-Barthélemy, les effets du passage de Fiona ont été relativement proches de ceux d’une dépression tropicale. De la pluie, du vent et des rafales ainsi que de la houle de mer entre vendredi soir et dimanche après-midi. En 48 heures, Météo France a enregistré un cumul de pluie de l’ordre de 72 mm à Marigot (Saint-Martin) et de 42 mm à Gustavia. Les rafales de vent ont été mesurées, à leur maximum, à 113 km/ à Gustavia et à 97 km/h à Grand-Case, dans la nuit de vendredi à samedi. Quant à la mer, les creux moyens observés par Météo France ont atteint 3,50 mètres. Pas ou peu de dégâts signalés, mises à part quelques branches arrachées ici et là. En revanche, la tempête Fiona n’a pas épargné la Guadeloupe, particulièrement Basse-Terre (lire témoignages ci-dessous).
Météo France a enregistré un cumul de pluie de 466 mm à Capesterre-Belle-Eau, 428 mm à Saint-Claude et 371 mm à Gourbeyre. Les communes de Goyave, Sainte-Rose, Vieux-Habitants et Baillif ont sérieusement été touchées par la tempête. Pont de Sainte-Claire effondré à Goyave, routes endommagées et habitations détruites ou envahies par l’eau et la boue à Sainte-Rose, infrastructure routière détruite entre Baillif et Saint-Claude...
Le ministre en Guadeloupe
Dès la matinée de dimanche, devant l’ampleur du sinistre, le ministre de l’Intérieur et le ministre délégué aux Outre-mer ont déclaré qu’ils allaient s’efforcer d’accélérer les procédures de reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle pour l’île papillon. Mercredi 21 septembre, Jean-François Carenco (le ministre délégué aux Outre-mer) est arrivé en Guadeloupe pour un séjour de 28 heures. Il est immédiatement allé à la rencontre des services de secours et des habitants des zones sisnitrées. Le ministre a apporté le soutien du gouvernement et de l’Etat français à la population mais aussi, et surtout, a annoncé la reconnaissance prochaine d’état de catastrophe naturelle. Ce qui va permettre à la Guadeloupe et à ses sinistrés de bénéficier du Fonds de secours pour l’Outre-mer, comme l’a annoncé dès dimanche le président de la République, Emmanuel Macron.
Fonds de secours pour l’Outre-mer
Le Fonds de secours, créé en 1999, comprend deux volets d’intervention dans le cadre du déblocage d’aides financières. Le premier permet, alors même que la catastrophe est en cours, de procéder à l’achat de matériel de secours ou d’aliments afin d’assurer la sécurité et la survie des population. Le second est consacré à l’indemnisation des particuliers mais aussi des entreprises, des agriculteurs (et pêcheurs) et des collectivités locales.
Pour les premiers, seules les personnes qui ne disposent pas d’assurance et qui sont dans une situation économique délicate peuvent en bénéficier. Pour les entreprises, seules les petites structures familiales ou artisanales sont éligibles aux aides. Les indemnisations pour les agriculteurs et les pêcheurs sont examinées et évaluées selon des critères spécifiques, au cas par cas. Quant aux collectivités, ces aides doivent être destinées aux réparations urgentes d’infrastructures et équipements publics endommagées ou détruites. Selon les données publiées sur la plateforme des finances publiques, le Fonds de secours est doté de dix millions d’euros. Néanmoins, ce montant a oscillé entre 6,3 et 20,6 millions entre 2012 (7 millions) et 2018 (20,6 millions).
Fiona, tueuse et destructrice Sur son passage, la tempête puis l’ouragan Fiona a emporté au moins cinq vies. Celle d’un homme en Guadeloupe qui a été submergé dans sa maison par la crue de la rivière des Pères. La victime a été retrouvée quelques heures plus tard, sans vie. Encore au stade de tempête lorsqu’elle s’est abattue sur Porto Rico, Fiona a fait d’innombrables dégâts et a causé la mort d’au moins deux personnes. Lorsqu’elle a atteint la République dominicaine, la tempête était devenue ouragan. Là encore, deux habitants du pays ont été tués lors du passage de Fiona. Depuis, elle s’est muée en ouragan de catégorie 3 et c’est avec cette intensité qu’elle a traversé, mardi, les îles Turques et Caïques. En s’éloignant de ces îles, Fiona a ensuite évolué en ouragan de catégorie 4. Ce n’est qu’après avoir dépassé les Bermudes, hier, qu’elle s'est affaiblie. Toutefois, selon le météorologue Gilles Matricon, elle pourrait conserver ses caractéristiques cycloniques à l’approche de Terre Neuve. |