S’il s’est éteint en 2017, Stanislas Defize a laissé des traces de son passage sur terre, et en mer. Artiste, voyageur, bon vivant, l’homme a notamment réalisé de nombreuses œuvres sur Saint-Barthélemy. Une île dont il est tombé amoureux, comme beaucoup d’autres, dès son premier accostage en 1980. Aussi, à partir du 16 mars et jusqu’au 31 mai, le musée territorial du Wall House va consacrer une grande exposition à ses travaux, mais aussi à son histoire. Car celle-ci se confond parfois avec celle de Saint-Barth.
Né en 1942 en Belgique, Stanislas Defize se découvre une passion pour le dessin et, par chance, un talent. Il débute en faisant ses classes dans les ateliers d’un certain Hergé, en qualité d’illustrateur. Néanmoins, s’il aime donner vie à des feuilles blanches, le jeune homme qu’il est alors a des envies d’océan. Il embarque donc pour différentes traversées. A destination de l’Afrique mais aussi à travers l’Atlantique. C’est lors de ce voyage qu’il largue les amarres pour la première fois à Saint-Barthélemy. Sous le charme de ce petit caillou à la nature sauvage et à la population conviviale, il décide d’y revenir tous les ans.
Une histoire illustrée de Saint-Barth
A chacun de ses séjours, il s’installe plusieurs mois. Après quelques années de découvertes, il s’attèle à l’écriture et à l’illustration d’une histoire de Saint-Barth. L’ouvrage, qui paraît en 1987, évoque de manière très documentée toute l’histoire de l’île. « Il a réalisé les dessins à l’aquarelle, remarque le directeur du Wall House, Charles Moreau, ce qui signifie qu’il s’est éloigné de la technique de la ligne claire de l’école belge. » L’ouvrage entre les mains, Charles Moreau souligne « le sens du cadrage, de la composition et du pittoresque » de l’auteur.
Parallèlement, Stanislas Defize ne cesse de dessiner des paysages de Saint-Barth, souvent en prenant soin de mettre en scène des cases traditionnelles. « Ces illustrations ont été tirées en lithographie et elles étaient vendues sur l’île, à l’époque », remarque Charles Moreau. De fait, elles vont constituer la plus grande partie de l’exposition. Notamment grâce aux prêts d’habitants de l’île qui ont acquis une œuvre, quand elle ne leur a pas été offerte par l’artiste. Un appel aux prêts que le musée réitère, dans l’espoir de pouvoir présenter encore davantage de pièces aux futurs visiteurs d’une exposition qui permettra de mieux appréhender le lien et le rapport à l’île qu’avait Stanislas Defize, ainsi que « la vision d’un amoureux de Saint-Barth », comme le précise le directeur du Wall House.
Des balises à la mer
L’événement va également permettre de revenir sur une aventure que l’artiste a partagé avec deux complices, Marc de Rosny et Yan Van den Haute. En 2005, les trois hommes ont organisé une expédition en mer baptisée « Prototype ». Ensemble, ils ont effectué un tour de l’Amérique du Sud. Rien de bien exceptionnel en soi, si ce n’est que pour financer ce voyage, ils ont fabriqué, par paire, des sculptures en forme de balise. « L’idée était que l’acheteur conservait la balise en aluminium tandis que les trois marins s’engageaient à balancer à la mer l’autre balise, faite en polyester et de couleur jaune, à l’endroit désigné par l’acheteur », explique Charles Moreau. Chaque sculpture était fermée par un petit bouchon et, à l’intérieur, un message comportait les indications nécessaires pour retrouver son propriétaire. A ce jour, une seule des balises jetées à la mer lors de l’expédition a été retrouvée : en 2011, par un couple qui se promenait sur une côte du Brésil. Ils ont alors ouvert la balise et pris contact avec le propriétaire, évidemment un habitant de Saint-Barth. Cette expédition a été abondamment illustrée par Stanislas Defize et un film a été réalisé. Il sera présenté lors de l’exposition au musée.
Par ailleurs, le musée proposera aussi une sélection d’œuvres qui ne sont pas directement en rapport avec Saint-Barth. Comme les illustrations d’un voyage de l’artiste dans l’Océan Indien en 2010. Les visiteurs y trouveront peut-être quelques exemplaires du Journal de Saint-Barth puisqu’en 1997, à l’occasion du 1er avril, Stanislas Defize avait participé à un numéro dans lequel il avait réalisé des planches qui présentaient un faux projet d’aménagement pour le port de Gustavia. Avec son habituel talent, jamais totalement dénué d’un brin de malice.
Le vernissage de l’exposition aura lieu le jeudi 16 mars. Pour mémoire, le musée du Wall House est ouvert le mardi (de 14 à 19 heures) ainsi que du mercredi au samedi (de 9 à 12 heures et de 14 à 19 heures). L’entrée est libre.