Pour sa 27e édition, le Saint-Barth Film Festival a une fois encore réservé de belles surprises aux cinéphiles de l’île. Mercredi, un court-métrage réalisé par les élèves de la classe de 4eD du collège Mireille Choisy et le documentaire intitulé « La couleur de l’esclavage » du Martiniquais Patrick Baucelin ont ouvert la manifestation. Ce jeudi, le film «Lazaro et Tiburon, une plongée dans Cuba » de William Sabourin O’Reilly, sera projeté à 20 heures au cinéma de l’Ajoe, à Lorient.
Comme lors de chaque édition, une sélection de productions venues de – presque – toute la Caraïbe est proposée au public de l’île. Deux d’entre-elles retiennent toutefois l’attention. Pour la simple raison qu’elles concernent directement Saint-Barthélemy.
La première est l’œuvre de Boris Lalanne et s’intitule «L’or bleu ». Réalisé en 2024, ce film documentaire de 52 minutes est consacré aux enjeux de l’accès à l’eau sur l’île. Il sera projeté samedi à 16 heures au Théâtre du Paradis.
La deuxième n'est autre que le reportage documentaire réalisé par notre jeune consœur et collaboratrice, Albane Harmange.
Le sujet de ce travail de recherche est… Et bien, son titre s’avère explicite : « L’esclavage, le passé oublié de Saint-Barth. » Il sera projeté vendredi à 10 heures au Théâtre du Paradis. Mieux placée que quiconque pour en parler, Albane Harmange explique : «Le but est que les gens de Saint-Barth voient ce travail et que ça remette en question ce mythe qui voudrait qu’il n’y ait pas eu d’esclavage à Saint-Barth. C’est le meilleur endroit pour porter ce documentaire. J’ai grandi en pensant qu’il n’y avait jamais eu d’esclavage à Saint-Barth. Alors quand j’ai lu l’annonce de cérémonie de commémoration de l’abolition, je me suis posé des questions. Surtout, pourquoi on en parle si peu ? Quand j’ai creusé, j’ai constaté qu’il y avait pas mal de choses. J’ai beaucoup travaillé en amont et puis, sur place, j’ai rencontré Arlette Magras, Bettina Cointre, Jérôme Montoya et d’autres. » Pendant ces entretiens, au cours de ses recherches, Albane a aussi dévoilé un pan de sa propre histoire. «J’ai découvert que certains de mes ancêtres étaient des esclaves. Mais j’ai préféré ne pas parler de moi. J’ai laissé la parole aux nombreuses personnes que j’ai pu rencontrer.» Sa plus grande surprise ? Celle de la descendance. «Elle dit beaucoup de la question de l’esclavage et de la vision que l’on en a à Saint-Barth », assure-t-elle. Son documentaire, Albane le considère comme «un début ». Elle précise : « Il y a encore beaucoup de recherche à faire et de nombreuses personnes à interroger pour assurer une transmission et comprendre notre passé. »
Le Festival s’ouvre également à la Guadeloupe, avec le documentaire de Steve et Stéphanie James, respectivement réalisateur et auteure de : « Le retour du chevalier. » Il sera proposé après le documentaire d’Albane Harmange, vendredi matin au Théâtre du Paradis.
Le soir, à 20 heures, c’est le film « Kidnapping Inc. » qui sera projeté à L’Ajoe. Production française, haïtienne et canadienne, le film raconte l’histoire folle de deux kidnappeurs plongés malgré eux dans un complot politique.
Enfin, le documentaire musical animé « They shot the piano player » de Fernando Trueba et Javier Mariscal aura l’honneur de clore le Festival.
Programme Jeudi 2 mai • 20h Ajoe Lorient
- L’esclavage, le passé oublié de Saint-Barth de Albane Harmange (2024, documentaire, 13minutes, Français, tourné à Saint Barthélemy)
- Kidnapping Inc. de Bruno Mourral (2024 / 1h43 / France, Canada, Haïti / En Créole & français) En présence du réalisateur Bruno Mourral
• 16h, Théâtre du Paradis (Gustavia) • 20h, Ajoe Lorient, soirée de clôture |