Saint-Barth - Illustration Paris ©CC Patrick Nouhailler

Les métropolitains résidents de Saint-Barthélemy partent cet été à destination de la France hexagonale. La communauté portugaise rentrent aussi passer ses vacances en famille, en passant par Paris. Les séjours en Guadeloupe sont également demandés. ©CC Patrick Nouhailler

Les vacances d’été seront françaises ou ne seront pas

Les résidents de Saint-Barth, friands des séjours aux Etats-Unis, au Canada, en Amérique du Sud ou encore des croisières en mer des Caraïbes, reportent leurs voyages. Dans les agences de voyage, les clients réservent pour partir en métropole ou en Guadeloupe. 

 

Quelques jours de détente en Guadeloupe (ou en Martinique, même si elle est moins demandée), ou une visite à la famille en métropole voire au Portugal : voilà ce que vendent actuellement les agences de voyages.
« Sur un été classique, 70 à 80% des clients partent vers la métropole l’été ; là on est sur du 100%. Forcément, il n’y a que ça d’ouvert ! » résume Philippe Rossoni, à la tête d’Elan Voyages. « Les résidents qui devaient partir en avril mai ou juin, en général pour visiter la famille, ont reporté à cet été. Mais bien sûr, il y a moins de voyageurs, les gens sont frileux. »

Outre le retour au bercail des métropolitains, « on a beaucoup de demandes sur la Guadeloupe », indique Acée de ATA. « Plus pour la Guadeloupe que pour la Martinique», complète Mary Hiernard de Saint-Barth Evasion. Autre phénomène constaté par Philippe Rossoni : « Certains devaient partir en métropole, et finalement ils préfèrent faire venir la famille à Saint-Barthélemy, qui est une destination “safe”. »

Les grands voyages
et les croisières en 2021

En temps normal, les habitants de Saint-Barth aiment se rendre aux Etats-Unis, au Canada ou en Amérique du Sud. «Certains se rabattent vers la métropole, mais la plupart du temps ils reportent à l’année prochaine, sans changer de destination », explique Philippe Rossoni. Confiant : « Les gens ont besoin de sortir. Dès que les protocoles seront en place, ils retourneront aux Etats-Unis. » « Pour l’Amérique du Sud, on n’attend pas de reprise avant l’automne, quand Copa reviendra. C’est la compagnie aérienne essentielle car le transit se fait quasi systématiquement par le Panama », explique Mary Hiernard.

L’autre produit phare des agences, ce sont les croisières. « C’est vraiment la tasse de thé des natifs de l’île. Leur envie a été freinée, mais de toute façon il n’y a pas de bateau : tous reportent, de semaine en semaine. On attend une décision européenne sur les protocoles à bord des navires, autour du 10 juillet. » Chez Elan Voyages, la croisière représente 20% de l’activité totale, en temps normal. Du côté de Saint-Barth Evasion aussi, la croisière cartonne habituellement. Selon Mary Hiernard, malgré la mauvaise publicité induite par la prolifération de cas de Covid sur des paquebots, au début de la crise, les amateurs vont remonter à bord. « En même temps, les gens n’ont pas trop le choix car les compagnies ont fait des avoirs. Les réservations de 2020 sont reportées à 2021. Mais nous avons de la demande pour 2022. Je reste assez optimiste pour les croisières », dit la spécialiste, qui table sur un début de reprise dès cet hiver, début 2021. «Les gens de l’île adorent les croisières. C’est dépaysant, festif, on ne s’occupe de rien, et c’est un bon moyen d’avoir un aperçu de toutes les îles de la Caraïbe. » Pour Acée, « 2020 sera une année zéro. Personne n’a envie de prendre de risque sur un bateau ou d’être coincé à bord. »
Les professionnels du tourisme viennent de passer trois mois à travailler sur les annulations, modifications, reports ; la situation s’est un peu calmée, mais ils continuent de suivre au jour le jour les annonces des ouvertures de frontières, d’aéroports, les protocoles sanitaires… Le tout en vendant beaucoup moins de voyages que lors d’une saison normale. Cependant, les agences ont gagné de nouveaux clients, qui avant se contentaient de réserver en ligne. « Beaucoup avaient acheté des billets sur internet et ont du mal à joindre les comparateurs ou les compagnies aériennes pour faire modifier leur billet ou obtenir des avoirs», explique Acée de l’agence ATA. « Certains aussi n’ont pas été prévenus des modifications. Le fait de passer par une agence les rassure car on est là pour gérer pour eux. »

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A quoi ressembleront les croisières post-Covid ?

Certaines compagnies de croisières n’ont pas résisté à la crise, comme Pullmantur Cruises, entité du groupe Royal Caribbean. Ce dernier a suspendu son activité jusqu’à l’automne. Le géant du secteur, Carnival, vend six de ses navires (il en possède une centaine). Si une mini-reprise pourrait s’amorcer dès cet été en Europe, le statu quo des paquebots dans la Caraïbe sera maintenu jusqu’à l’automne, au moins, quand débute la saison. Chaque compagnie élabore des protocoles sanitaires, mais le secteur a besoin de plans validés à plus grande échelle afin qu’ils soient harmonisés d’un pays à l’autre. A priori, la jauge des bateaux sera revue à la baisse, les repas pourront être organisés en plusieurs services, les embarquements et débarquements échelonnés, et bien sûr les espaces communs réaménagés pour davantage d’espace entre les clients. Certaines sociétés comme Norwegian Cruise Line ont déjà annoncé qu’elles embarqueraient du personnel médical. Malgré tout, le directeur général de MSC croisières, Patrick Pourbaix, est positif : « Pour toutes les réservations effectuées entre le 1er août 2020 et le 2 mai 2021, nous appliquons notre système de flexibilité totale, qui permet de reprogrammer gratuitement sa croisière jusqu’à 15 jours avant le départ. Ce sont des messages et des dispositifs rassurants, qui devraient permettre aux agents de voyages de relancer nos ventes », explique-t-il à L’Echo Touristique. «Nous avons revu nos programmes pour l’hiver 2020/2021 et l’été  2021, en faisant la part belle à l’Europe et à la France, Dom-Tom inclus. Nous sommes prêts pour la reprise, même s’il nous manque quelques feux verts. » Les plus petites unités, comme celles exploitées par la compagnie haut de gamme Ponant, ont davantage de facilité à repartir. Celle-ci organise des croisières françaises cet été. C’est justement ce type de bateau qui mouille à Gustavia, amenant 126.000 voyageurs sur notre île (année 2019). 

Journal de Saint-Barth N°1383 du 08/07/2020

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