Pour sa rentrée, en octobre, le musée territorial du Wall House prépare une exposition consacrée à la fameuse villa construite à Colombier par David Rockefeller au début des années 1960. Dans ce cadre, la Collectivité lance un appel à la mémoire des habitants de l’île.
Le projet trotte dans la tête du directeur du musée territorial du Wall House depuis des années. Proposer une grande exposition consacrée à la villa construite au début des années 1960 à Colombier par David Rockefeller. « A la fois mythique et mal connue cette propriété marque un tournant dans l’histoire récente de notre île et mérite qu’on se penche en détail sur son origine, sa conception et son influence », explique ainsi Charles Moreau, le directeur du musée.
C’est la raison pour laquelle la Collectivité lance un appel et sollicite la mémoire de toutes celles et tous ceux qui ont conservé en tête des histoires et autres anecdotes sur cette villa historique. L'objectif, pour le musée, étant de recueillir le plus grand nombre de témoignages de cette époque afin d'enrichir à la fois la connaissance de la population et la future exposition. Pour ce faire, si vous ou vos proches ont des éléments, vous pouvez contacter Charles Moreau, responsable du musée du Wall House, par mail (charles.moreau@ comstbarth.fr) ou téléphone (05 90 29 71 55).
La villa Rockefeller est un lieu qui se veut à la fois historique et symbolique à Saint-Barthélemy. Il s’agit de la toute première villa de luxe construite à Saint-Barth. Celle qui a fait basculer le destin de l’île vers l’abondance qui est la sienne aujourd’hui. Mais c’est également un espace naturel unique qui domine l’une des plus belles baies de Saint-Barthélemy, intégrée à la réserve naturelle marine.
Dans le numéro 1394 du Journal de Saint-Barth, nous revenions sur l’histoire d’un site chargé d’histoire. C’est à la fin des années 1950 que David Rockefeller, richissime patron de la JP Morgan (ex-Chase Manhattan Bank), décide de se faire bâtir une villa à Saint-Barth. Si les fortunes américaines avaient coutume de choisir les îles caribéennes comme lieu de villégiature, le financier est le premier à jeter son dévolu sur Saint-Barth. Il y achète trois propriétés pour une bouchée de pain, dont Colombier, pour 32.000 dollars, à la famille Gréaux ; un autre terrain à Marigot, et Gouverneur, acquis pour 25.000 dollars auprès de la famille Brin. C’est aujourd’hui le domaine de Roman Abramovitch.
En 1957, lorsque le banquier le plus en vue du monde s’achète la pointe de Colombier, l’île n’a pas encore de route et de réseau électrique. La première centrale entrera en fonction en 1962. La plupart des hommes ont émigré pour gagner leur vie et l’île compte environ 2.000 habitants qui vivent dans le dénuement.
La construction de la villa à Colombier fait travailler de nombreux Saint-Barths. Rockefeller acheminait ses invités et les marchandises en bateau, depuis le quai Rockefeller à Gustavia jusqu’au quai construit à l’arrière de sa villa, à l’anse Gros Jean.
David Rockefeller était apprécié pour sa simplicité et sa facilité de contact avec les locaux, même s’il ne venait avec son épouse qu’une quinzaine de jours chaque année. Toutefois, il a entraîné dans son sillage de nombreux riches étasuniens en quête de soleil. Ceux-ci ont peu à peu investi le premier hôtel de l’île, l’Eden Rock, construit par Remy de Haenen. Pour finalement transformer l’île en un riche territoire qu’elle est encore aujourd’hui.
En 1983, David Rockefeller vend le domaine à un homme d’affaires qui projette d’y construire un hôtel, sans succès. Ce dernier a ensuite revendu à la famille Horn, toujours propriétaire aujourd’hui. David Rockefeller est décédé en 2017.
C’est en cette même année 2017 que le zonage retenu sur la carte d’urbanisme pour la propriété de Colombier a été retoqué par le tribunal administratif. Dans ses versions suivantes, la carte d’urbanisme n’a pas incorporé de projet spécifique pour le site de la villa Rockefeller.
