Saint-Barth -

Pati Guyot : « La machine artistique s’est mise en route »

Pati Guyot, arrivée en 1983 à Saint-Barthélemy, artiste depuis l’enfance, a observé et pris part à l’émergence des artistes de l’île. Elle accueille dans l’annexe de sa boutique Saint-Barth French West Indies une mini-galerie d’art local.


L’île a bien changé depuis 1983, année durant laquelle Pati Guyot a posé ses valises à Saint-Barthélemy.
« Quand je suis arrivée, il y avait très peu d’artistes, mais de très bonne qualité », se souvient-elle. « Nous avions formé un petit collectif et on exposait ou on pouvait, c’est à dire dans bien peu d’endroits… On nous avait prêté une grande salle à Gustavia, qui était super. Mais avec les années, c’est devenu de plus en plus compliqué d’exposer. Des galeries d’art se sont installées, mais elles ne présentaient que des artistes extérieurs à l’île. Il faut dire que c’est très difficile de vivre d’une galerie, et encore plus avec des artistes peu connus. » A force, le collectif s’est peu à peu délité.

Aujourd’hui, la cinquantaine de membre de l’association Artists of Saint-Barth, dont elle fait partie, occupe un local attenant à la boutique de Pati à Saint-Jean, Saint-Barth French West Indies. Une mini galerie qui sert plus de lieu de rencontre que d’exposition. Le deck permet d’organiser des événements en extérieur, comme le marché « Art & Food » dont la première édition s’est tenue le 20 janvier.

« Le décor tire vers le haut »
Petite mais rendue très visible par les œuvres qui trônent à l’extérieur, la Pati’s Gallery attise la curiosité des touristes, qui sont nombreux à s’y arrêter. Si les Doug Barrowman sont rares -il a entièrement décoré sa villa d’art Saint-Barth, pour une enveloppe de plusieurs centaines de milliers d’euros (notre édition 1290), de plus en plus de touristes fortunés et connaisseurs apprécient et achètent les œuvres des locaux.
Saint-Barthélemy est-elle particulièrement inspirante ? « A mon avis, s’il y a autant d’artistes, c’est peut être dû à un léger manque culturel. Hormis les plages et quelques randonnées, il faut s’occuper. Et puis l’île est magnifique, elle incite à la création. Le décor tire vers le haut. »
Selon Pati, développer la facette artistique de l’île est une évidence. « Ce qui serait vraiment intéressant, c’est de créer un mouvement artistique de Saint-Barthélemy, comme il y en a eu à une époque à Haïti. Les gens se réunissent, cela crée une émulation, stimule la créativité. Aujourd’hui, je pense que la machine s’est mise en route. Avec le soutien de tous, cela prendra de plus en plus d’ampleur. Et permettra de faire venir des gens intéressés par l’art, c’est à dire une clientèle haut de gamme, cultivée. »




Journal de Saint-Barth N°1313 du 31/01/2019

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