Steve et Stéphanie James emmènent les spectateurs sur les pas de Josy Budon, présentatrice télévisée très célèbre en Guadeloupe, qui passe son temps libre à venir en aide à un village démuni en Haïti.
L’une des animatrices télé les plus célèbres de Guadeloupe, traditionnellement la voix du carnaval, est mise à l’honneur dans un documentaire, « Cœur d’Ayiti », qui sera projeté mercredi 2 mai dans le cadre du Saint-Barth Film Festival. Ce n’est pas son parcours sur le petit écran qui a passionné les réalisateurs du film, Steve et Stéphanie James, mais une facette que ses téléspectateurs connaissent peu.
« C’est un personnage glamour, dont on ignorait totalement que depuis quatre ans, elle se rend régulièrement en Haïti (Ayiti en créole, ndlr) pour aider au développement d’un village, juste avec ses petites mains et ses grosses valises », raconte Stéphanie James. Josy Budon a été adoptée par les habitants, et vice-versa, et elle agit hors de tout cadre associatif. « On revient à la solidarité de proximité. Je paie mon billet, je loue ma voiture, et voilà. Cette femme aide comme elle respire. Très discrète, toujours dans l’action, elle a toujours mieux à faire que de répondre aux interviews… »
Le couple James espère, au travers de l’histoire de Josy, interroger le public sur cette forme individuelle de solidarité. « J’entends des gens qui ne veulent pas donner aux associations et ONG parce qu’ils disent « on ne sait pas où va l’argent ». J’aime tout ce qui aide, mais quand on voit le montant des frais de fonctionnement des grosses machines humanitaires, sont-elles vraiment la solution ? Particulièrement en Haïti, où il y a eu des scandales, des personnes ont fait de l’humanitaire un business… »
Des Caribéennes sur le petit écran
Pour réaliser le portrait de cette forte femme, personne n’était mieux placé que Steve et Stéphanie James. Le couple a signé, entre 2000 et 2014, la série télévisée F comme Femme. Au total, 144 portraits de treize ou vingt-six minutes ont été diffusés. Tous décrivaient des femmes caribéennes, installées dans les îles puis partout dans le monde (les James ont parcouru quarante pays), qui font rayonner leur culture dans leur chez-elle d’adoption. « On a fait les portraits d’une femme haïtienne, qui est devenue gouverneure au Canada ; d’une Martiniquaise qui produit du rhum en Thaïlande ; d’une Guadeloupéenne, très populaire à Saint-Barthélemy, qui donne des cours sur la culture créole dans des universités en Suède ; d’une association caribéenne en Chine qui vient en aide aux enfants… » Il y a près de vingt ans, voir des caribéens, qui plus est des caribéennes à la télévision, c’était inédit. F comme Femme était diffusé jusqu’à 135 fois dans la semaine, en cumulant toute la Caraïbe. « C’était une idée de mon mari Steve », souligne Stéphanie. « Il y avait un vrai déficit d’image des Caribéens sur leurs écrans, et quand on en voyait, ce n’étaient jamais des femmes, alors qu’elles sont à la base de la société. » Le programme, après quatorze années, s’est arrêté faute de financement suffisant. « Sans amertume, car on ne peut pas aider tout le temps les mêmes projets ; on est davantage reconnaissants de ce qu’on a pu réaliser que triste que ce soit terminé. »
D’autant que le couple a pu ouvrir une nouvelle page cinématographique avec le documentaire, format plus long, toujours axé sur les Caraïbes, principalement. Stéphanie et Steve seront présents pour discuter avec le public, après la projection de « Cœur d’Ayiti ».
> Saint-Barth film festival, « Cœur d’Ayiti », mercredi 2 mai à 14 heures, théâtre du Paradis, entrée gratuite.
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