Saint-Barth -

« Je ne suis pas là pour rien, je vais donner le meilleur de moi-même »

© Chrystele Escure

Jeudi dernier, la frénésie de l’élection à Saint-Martin est retombée, quand Layla Berry nous reçoit dans le calme verdoyant de Fleur de Lune, à Saline. Elle s’arme pour les mois chargés qui l’attendent : retour à Paris et aux études, puis le 9 novembre, l’aventure Miss France, et le 14 décembre, l’élection. Avec derrière au mois de janvier, l’échéance des partiels de sa licence économie et stratégie d’entreprise, à la Sorbonne.

 

Ce jeudi, elle profite d’être à Saint-Barthélemy pour remplir deux missions : rencontrer le Président de la Collectivité pour lui demander des conseils sur la façon de parler de l’île aux journalistes. Elle a souhaité le voir seule pour pouvoir lui poser toutes les questions nécessaires. Second objectif : dégotter une sorte de couronne en latanier tressé, qui viendra parachever son costume régional, point clé de la grande soirée électorale des Miss.

 

« Je fais face aux responsabilités qui pleuvent », sourit la jeune femme. Elle revient sur son élection de Miss Saint-Martin Saint-Barthélemy, le 5 octobre au Princess Casino de l’île voisine : « Je n’étais pas du tout anxieuse au départ, je m’étais mis un peu à l’écart des autres candidates pour éviter qu’elles ne me transmettent leur stress. J’ai fait des erreurs sur les deux premiers passages, alors au troisième, je ne voulais même plus y aller ! Et finalement, je pense que j’ai bien réussi l’épreuve de l’éloquence. A la fin, quand il ne restait que Cassandre (Cassandre Martin, élue première Dauphine, ndlr) et moi, j’ai complétement déconnecté. Je n’ai pas du tout réalisé sur le moment, on m’a mis la couronne sur la tête… » Les derniers jours de préparatifs avaient été intenses. Après l’élection, elle est allée dormir, a éteint son téléphone. « J’ai fait la grasse matinée jusqu’à 10 heures ! » Au réveil, en rallumant son portable, elle a découvert pas moins de 1.500 messages sur son compte Instagram… « J’ai pris soin de répondre à chacun. » Qu’est-ce qui provoque un tel engouement dans ce concours de beauté ? « Je pense que ça fait rêver. Beaucoup de jeunes femmes m’ont dit qu’elles aimeraient être à ma place mais ne correspondaient pas aux critères, et qu’elles vivaient l’aventure à travers moi. C’est très touchant, c’est pour ça que j’ai tenu à répondre à chacun », explique Layla. « Sylvie Tellier et Vaimalama Chaves m’ont aussi envoyé un message de félicitations et d’encouragements, Allisson Georges (Miss Îles du Nord l’an dernier, ndlr) également. » Mais la Saint-Barth n’est d’ores et déjà pas épargnée par le revers de la médaille des réseaux sociaux. Elle a aussi reçu des mots moins flatteurs, notamment venant d’une ancienne camarade du collège Mireille-Choisy, « qui trouve que je ne suis pas à la hauteur pour représenter les îles.» Layla hausse les épaules et sourit. « J’ai répondu que je ferai de mon mieux, je suis désolée si j’en ai déjà déçu quelques-uns. Je ne le prends pas à cœur, on ne peut pas plaire à tout le monde. » En jeune femme moderne, elle sait utiliser les outils de sa génération.

 

Si elle a hâte de se lancer dans le grand bain et partir pour Tahiti, elle appréhende le côté compétitif avec les autres filles. « Je m’attends à ce que ce soit très concurrentiel. Il y aura forcément un peu d’hypocrisie, c’est inévitable car nous voulons toutes la même chose. Cependant je le vois plus comme un jeu que comme un combat. » Les semaines passées à Tahiti seront décisives, puisqu’elles déterminent déjà une sélection de quinze candidates. «Je vise le top 15, et idéalement le top 5, mais ce sera aussi déterminé par le vote du public. Nous sommes un peu désavantagés de ce côté là, car il y a moins d’habitants que dans les grandes régions de France. Et puis, à Saint-Martin, ils ne sont pas trop familiarisés avec le concours Miss France, et toute la partie hollandaise ne peut pas voter. » Layla pourra tout de même compter sur un socle de fans en métropole, qui lui ont permis d’obtenir, au niveau local, le prix du public. « J’ai eu beaucoup de votes depuis la métropole, c’est ce qui a fait la différence avec Florence (Blanchard, élue quatrième dauphine, ndlr) qui en a reçu beaucoup ici. »

 

A fond dans l’élection, Layla garde néanmoins la tête froide. Les études d’abord. «Que mon école ne me lâche pas, c’était très important. Sans cela, je ne sais pas si j’aurais pu poursuivre. » Elle est consciente de sa chance, que Florence Blanchard n’avait pas eue, elle : son établissement en métropole lui avait plus ou moins demandé de choisir.

 

Pour Layla, aujourd’hui, le concours Miss France est débarrassé du cliché de la fille jolie mais pas très profonde. « J’ai rejoint un groupe Whatsapp avec toutes les autres candidates des régions. Ce sont des filles qui ont des projets, la tête sur les épaules. D’ailleurs, il y en a deux qui sont à la Sorbonne comme moi, Miss Guadeloupe et Miss Val de Loire. J’espère pouvoir rencontrer celles qui sont à Paris avant le départ pour Tahiti. » Féminisme et Miss, deux notions aujourd’hui compatibles ? «Tout à fait. La Miss est un symbole de féminité, et le concours montre des filles aussi intelligentes que belles, polyvalentes. Quand on voit Vaimalama, elle a contribué à dévier le côté lisse des Miss. »

 

Elle prépare le concours comme ses partiels, avec méthode et sérieux. Dans son sac à main, des livres à potasser sur l’histoire de Saint-Barthélemy et de Saint-Martin, qu’elle connaît forcément moins. « Ce n’est pas seulement pour le concours, mais aussi pour moi ; j’ai envie d’en apprendre davantage. » A Paris, en plus de ses cours et de ceux qu’elle a manqués ces dernières semaines, elle suivra des leçons de maquillage, de maintien, de démarche. « Je ne suis pas là pour rien, je vais donner le meilleur de moi-même. »

JSB 1346

Journal de Saint-Barth N°1346 du 17/10/2019

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