Dissimulé derrière un sourire timide, le regard de Jean-Claude Maille laisse discrètement entrevoir une vivacité mâtinée de gourmandise. Dès les premiers instants, on y devine une profondeur, une douceur et un humour facétieux. Autant de traits de personnalité qui transparaissent avec force dans le dernier ouvrage publié par l’auteur. S’il exerce la profession de vétérinaire à Saint-Barthélemy depuis près de trente ans, Jean-Claude Maille est également connu pour ses écrits poétiques. Mais cette fois, ce n’est pas en vers qu’il a choisi de se livrer à ses lecteurs. Sous le titre de « Haut potentiel » (« C’est l’éditeur qui choisit le titre », prend-il soin de préciser dans un sourire), il lève un voile délicatement drôle et pudique sur sa vie, sept ans après le diagnostic d’une sur-efficience mentale. Un récit autobiographique au fil duquel il revisite différents épisodes de son existence à la lumière de cette découverte. Un texte qui se voudra éclairant pour celles et ceux qui sont confrontés à un « haut potentiel » mais qui, en vérité, s’adresse à tous.
Car il ne s’agit pas d’une analyse froide mais d’un ouvrage qui se lit à la manière d’un roman. De certaines pages transparaissent un humour franc et subtil, une émotion profonde et une autodérision qui ne sont pas sans rappeler la plume d’auteurs britanniques tels que Nick Hornby ou David Lodge. « J’ai toujours aimé écrire, confie Jean-Claude Maille. Parmi mon groupe d’amis, une personne qui évolue dans le milieu du livre m’a dit d’arrêter de me répandre sur Facebook et que je devrais plutôt écrire un livre ! Mais sur quoi, ai-je répondu. Sur ma vie ? Il me fallait donc un fil conducteur. » Ce sera cette fameuse sur-efficience mentale, découverte voilà sept ans lors d’une consultation auprès d’une spécialiste. Ou comment, en l’espace de quelques minutes d’entretien, passer d’un diagnostic « d’asocial » à l’adolescence à celui de «haut potentiel » des décennies plus tard.
« Ma mère m’a sauvé la vie »
« J’ai été diagnostiqué en sur-efficience mentale après un burn-out et des suites dépressives, explique l’auteur avec légèreté. Ça ne veut pas dire que l’on est toujours le premier de la classe. Jusqu’en troisième, j’étais le cancre de la classe. Avec des problèmes d’élocution et, en plus, gaucher, on m’obligeait à écrire de la main droite. A la fin de la troisième, on a dit à ma mère que je devrais m’orienter vers un CAP. Moi, je voulais être vétérinaire mais, avec 5 de moyenne, on a dit à ma mère que ça ne serait pas possible. Heureusement, elle s’est accrochée et a fini par me trouver le bahut (établissement scolaire, pour la compréhension des plus jeunes) qui m’a pris. Ma mère m’a véritablement sauvé la vie. C’était miraculeux et je me suis battu pendant trois ans pour décrocher le bac avant de réussir le concours d’entrée de l’école vétérinaire. »
Grâce à ce diagnostic tardif, Jean-Claude Maille se comprend mieux. « Je sais maintenant que, dans ma tête, ça ne se passe pas forcément comme chez les autres, s’amuse-t-il. Ce livre, c’est le mien, l’histoire de mon cas très particulier. Des gens m’ont dit que l’avoir lu les a aidés. Si ça peut être le cas pour les mères et les pères dont les enfants ont été diagnostiqués sur-efficients, tant mieux. » Aujourd’hui, l’auteur continue de se plonger dans ses carnets de poèmes. Toutefois, cette première incursion dans l’univers d’une prose très personnelle a éveillé d’autres envies littéraires. « En partant du même thème, pourquoi ne pas essayer d’inventer quelque chose mais, cette fois, dans un vrai roman », s’interroge Jean-Claude Maille. Une perspective qui agite déjà certainement l’esprit de l’auteur.
« Haut potentiel, le mystère des zèbres »
de Jean-Claude Maille, aux éditions ECE-D.
152 pages, 20,90 euros.
Disponible en vente en ligne sur le site de la Fnac et des Furets du Nord ou à commander en librairie.