Anaïs et Inès, deux jeunes filles déterminées à représenter leur île

Toutes deux originaires de Saint-Barth, Anaïs Oeggerli et Inès Tessier tenteront de remporter l’écharpe de Miss Saint-Barthélemy et Saint-Martin le 29 juillet prochain.

Leur écharpe de Miss sur l’épaule, Anaïs Oeggerli et Inès Tessier s’avancent timidement sur la scène montée devant la capitainerie. Derrière elles, le groupe Majestic Band s’installe pour le concert du 14 juillet. Devant elles, de nombreux curieux se sont rassemblés sur les quais pour admirer le feu d’artifice. « Bonsoir, je m’appelle Inès Tessier, j’ai 19 ans et je suis la candidate numéro 7 pour Miss Saint-Martin/Saint-Barthélemy », annonce-t-elle avant de passer le micro à sa voisine. « Bonsoir, je m’appelle Anaïs Oeggerli, j’ai 20 ans », lance la candidate avant de s’arrêter quelques secondes pour reprendre ses esprits.

Il y a peu, ces deux jeunes filles étaient loin de s’imaginer prendre le micro devant toute une foule. « Je ne m’étais jamais penchée sur la question, confie Inès. Je me baladais sur la plage, et une amie de la présidente du comité de Saint-Martin est venue me proposer de participer aux Miss. » Anaïs a été contactée un dimanche, après qu’un membre du comité ait aperçu des photos d’elle dans la boutique d’un proche : « Je n’avais pas du tout ça en tête. Mais c’était un rêve de petite fille, quand je regardais Miss France avec mes parents, je me disais qu’un jour ce serait moi à la télévision. »

L’expérience d’une vie
La tête sur les épaules, Anaïs et Inès ont pris le temps de réfléchir avant de se lancer dans l’aventure. « C’était très déstabilisant pour moi, parce que je n’aime pas comparer les femmes, raconte Anaïs. Mais je me suis dit qu’en participant, je pouvais aussi montrer que la beauté ne fait pas tout. » Après avoir consulté ses parents, Inès décide de participer à cette « bonne expérience pour [son] âge et [sa] vie en général ».

Afin de préparer les candidates au grand soir de l’élection, le 29 juillet prochain, le comité des Miss organise des activités et des séances d’entraînement à Saint-Martin. « Je travaille à la Ligne Saint-Barth comme travail d’été, pour aider mes parents à financer mes études, donc je fais l’aller-retour le soir pour travailler les chorégraphies », explique Inès, qui étudie le cinéma à l’année à Montréal. Danseuse depuis son enfance, cet exercice ne l’inquiète pas outre mesure : « Je suis à l’aise avec mon corps et je retiens facilement les chorégraphies ».

Apprentie dans le salon de coiffure « Un temps pour soi » à Saint-Jean, Anaïs a plus de difficultés pour assister à toutes les répétitions. « Avec mes horaires, c’est compliqué mais là j’ai posé quinze jours de vacances, sans soldes, pour pouvoir me consacrer entièrement à l’aventure », déclare-t-elle déterminée. Élégance, culture générale, éloquence, les candidates doivent cocher les cases de diverses compétences. « Grâce à mon métier, j’ai appris à discuter avec des gens très différents, avance Anaïs. J’avais à peine 18 ans, que ma patronne m’a appris à dire Madame, Monsieur. »

« Saint-Barth est devenu le Saint-Tropez des Antilles »
Chez les deux femmes originaires de l’île, un même objectif : représenter Saint-Barth et Saint-Martin. « Il faut savoir représenter le savoir-vivre antillais, le patrimoine culturel comme les cases Saint-Barth ou l’histoire de l’île, indique Inès. Tout en préservant ce cocon, ce côté local qui a tendance à disparaître. » Arrivée sur l’île juste après sa naissance, de parents métropolitains, Inès a vécu toute son enfance à Saint-Barth avant de partir à Bordeaux, puis à Montréal pour ses études. « Grandir ici, c’était une bénédiction », sourit la jeune fille.

« J’ai fait toute ma vie ici, c’est un petit caillou de paradis, s’émeut Anaïs. Mais aujourd’hui ce qu’on en fait c’est triste, je suis une locale et je galère à payer mon loyer. » Née à Saint-Martin, d’un père suisse et d’une mère née à Saint-Barth, Anaïs a vécu la plupart de sa vie sur l’île. « Il faut arrêter de construire toujours plus, affirme l’apprentie coiffeuse. Saint-Barth est devenu trop luxueux, maintenant c’est le Saint-Tropez des Antilles. »

Cette inquiétude sur l’avenir de l’île se fait aussi sentir à travers leur attachement à la cause environnementale. « J’aimerais me rapprocher de la Réserve Naturelle pour trouver des solutions pour préserver les fonds marins, annonce Anaïs. Mon copain est pêcheur, et il a vu sa pêche diminuer de 40%. » Surfeuse, Inès s’inquiète également de la détérioration des fonds marins. « J’ai tendance à voir les coraux morts, les déchets dans l’eau, il faut qu’on fasse attention pour préserver la biodiversité. » Du travail en perspective pour la future Miss Saint-Barthélemy et Saint-Martin.

Comment voter ?
Le public peut voter par sms pour sa favorite. Toutefois, aux Antilles, certains forfaits ne prennent pas en compte le numéro spécial. Il faut donc ajouter du crédit.
• Depuis les Antilles-Guyane, il faut envoyer le message « QUEEN » suivi du numéro de sa favorite (QUEEN7 pour Inès Tessier ou QUEEN10 pour Anaïs Oeggerli) au 97000 pour un coût de 0,75 euro.
• Depuis l’Hexagone, le procédé est le même mais au 72018 et avec la mention « MISSSM » suivie du numéro de la candidate (MISSSM7 pour Inès Tessier ou MISSSM10 pour Anaïs Oeggerli).