Le St Barth Film Festival commence demain, mercredi 3 mai, par la projection à 20 heures sur le plateau de l’Ajoe à Lorient du film « Le lien qui nous unit » du réalisateur guyanais Pélagie Serge Poyote. Pour cette 26e édition, le festival propose cinq films (courts et longs métrages) et trois documentaires. Toutes les réalisations permettront aux spectateurs de se plonger dans différents univers de la Caraïbe, des Antilles à Cuba en passant par la Guyane mais aussi en faisant un détour par les Etats-Unis. En effet, le documentaire qui clôturera le Festival, « Jazz Fest, a New Oleans story », célèbre les cinquante années d’existence du Festival Jazz et Héritage de la Nouvelle-Orléans.
Toutefois, c’est « Le lien qui nous unit » de Pélagie Serge Poyote qui aura, demain soir, l’insigne honneur d’ouvrir la manifestation. Si le réalisateur laissera le soin à son acteur principal, Ricky Tribord, de présenter son film aux spectateurs du Plateau de Lorient, il a accepté de répondre à quelques questions du JSB.
Né à Cayenne, Pélagie Serge Poyotte débute en réalisant des courts-métrages amateurs en Super 8 et HI8 à l’adolescence. Il travaille ensuite en tant qu’animateur à la télévision et en radio pour RFO Guyane (Guyane 1re) et réalise dans la foulée des reportages et des courts-métrages pour cette chaîne. Il prend ensuite la direction de Paris où il étudie le cinéma à l’ESEC (École Supérieure d’Études et de Techniques Cinématographiques) de 1996 à 1998. Il est l’auteur de quatre longs métrages, d’une dizaine de courts et moyens métrages et de plusieurs documentaires. Il travaille également de manière active avec l’association AVM (Atelier vidéo multimédia) à Saint-Laurent du Maroni pour mener à bien des projets avec les élèves des établissements scolaires de la ville.
Sorti en 2020, « Le lien qui nous unit » est le récit d’un voyage, d’une pérégrination d’un père et de sa fille sur les routes de Guyane. « C’est un road movie, une mise en scène qui épouse la trajectoire des personnages principaux, Paul joué par Ricky Tribord et Solange, jouée par Jessica Martin, explique Pélagie Serge Poyote. C’est un film qui suit leur errance, car ce sont deux personnages perdus. C’est un voyage initiatique de deux personnages qui au départ sont opposés, qui ne sont pas fait pour s’entendre et qui évoluent, s’égarent ensemble et se réunissent. Dans ce mouvement, on comprendra leur vie. »
Si l’histoire de ce père absent qui essaye de renouer un lien avec sa fille est au centre du récit, il va sans dire que la Guyane ne se contente pas d’être un simple décor. « Bien sûr, ce n’est pas dit dans le film, mais mon intention de départ est de refléter ma terre natale à travers ces personnages, assure le réalisateur. Ils reflètent la société guyanaise, ses égarements, son manque de perspectives que l’on retrouve surtout chez les jeunes. Parce qu’il n’y a pas de réelles perspectives économiques sur une terre sous perfusion, même si des choses se font. Ces personnages sont à l’image de la Guyane. Ils cherchent un sens à leur vie, à leur histoire. On est dans un univers où ils ont beaucoup de mal à se projeter. » Un relatif pessimisme que Pélagie Serge Poyote adoucit en conclusion de son film mais qu’il conserve lorsqu’il évoque son pays, trois ans après la sortie du « Lien qui nous unit ». Il souffle : « La situation n’a pas vraiment évolué. Il y a des choses qui changent, évidemment. A Saint-Laurent du Maroni, je fais des films avec les jeunes dont la plupart sont des collégiens. Je rencontre des gens qui sont à leur contact, les professeurs, les infirmiers, les psychologues, etc. Et tous font le même constat : c’est de pire en pire. Il y a une démographie galopante en Guyane mais une société structurelle politique qui ne suit pas. Donc je ne suis pas sûr que ça évolue si bien que cela. C’est dur. »
Demain soir, c’est son acteur fétiche, Ricky Tribord, qui sera présent pour rencontrer le public. Un comédien aux multiples facettes, fiévreux, versatile, dont le talent lui a permis d’apparaître dans plus de vingt longs métrages et presque autant de courts et de moyens, sans oublier les téléfilms et autres séries. « Il est très bon, c’est un excellent comédien, généreux, qui peut vous offrir des choses merveilleuses, s’enthousiasme le réalisateur. En plus de son talent, il a de la technique, il sait s’adapter aux méthodes de travail. Quelqu’un de perfectionniste, exigeant, qui est précieux à mes yeux. Et puis c’est un ami que j’ai connu quand j’étais à l’école de cinéma. J’ai quasiment débuté avec lui ! Depuis, on se suit. »
« Le lien qui nous unit » de Pélagie Serge Poyote sera donc projeté demain soir, à 20 heures, sur le plateau de l’Ajoe à Lorient, en présence de l’acteur principal, Ricky Tribord. Il est à noter que toutes les séances sont gratuites et ouvertes à tous.
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Présentation du Festival par ses organisateurs, Ellen Lamper-Gréaux et Josuah Harrison.
"Pour sa 26éme édition, le St Barth Film Festival vous invite à nouveau à une exploration de la culture et de la musique des Caraïbes. Des films guadeloupéens, guyanais, français et américains sont au programme de cette édition 2023 très tournée vers la musique et les saveurs caribéennes au sens propre comme au figuré…
En ouverture, le mercredi 3 mai, ce voyage commence en Guyane avec le film Le lien qui nous unit de Pélagie Serge Poyotte, un road-movie durant lequel un père et sa fille tentent de renouer après de longues années de silence.
Le lendemain, le 4 mai en matinée, cap sur la Martinique avec le documentaire de Fabienne Kanor Milo pòkò mò sur les traces de l’artiste Ti-Emile, le maître incontournable du Bélè.
Toujours le 4 mai, mais en soirée, le court-métrage de fiction Rèd de Fabienne Orain Chomeau invite à une version caribéenne et moderne du ”Petit Chaperon rouge”. Il sera suivi du documentaire de Laurent Benhamou et Valentin Langlois Ahi Na Ma, Lindigo à Cuba qui prouve, si cela était nécessaire, que la musique n’a pas de frontière et que des artistes de la Réunion et de Cuba ont beaucoup en commun.
Le 5 mai, retour sur les Antilles avec en matinée, deux documentaires de l’architecte-réalisateur Emile Romney sur les cases créoles. Et en soirée, vous saurez tout sur la « sauce chien » après avoir vu le documentaire de Barcha Bauer, L’âme du couteau chien ; Et après le documentaire, démonstration de la vraie « sauce chien »... avec le couteau chien bien sûr !
Le 6 mai en matinée, le Festival met en avant George Tarer, femme guadeloupéenne, militante, défenseuse de la cause des femmes, grâce au documentaire de Steve James, George Tarer, un siècle à aimer.
Et pour finir en beauté, la soirée de clôture sera consacrée au film Jazz Fest : A New Orleans Story de Frank Marshall & Ryan Suffern qui va vous plonger dans une ambiance complètement jazzy.
Comme chaque année, privilège du festival, les réalisateurs, et les producteurs viendront présenter leur film et échanger avec le public ; pour l’un des films, c’est son acteur principal Ricky Tribord qui sera avec nous.
Toute l’équipe du Festival et les cinéastes venus spécialement pour l’occasion se réjouissent de vous rencontrer lors de cet événement emblématique de la vie culturelle de Saint-Barth."
Programme du 26e St Barth Film Festival Cinéna Caraïbe Mercredi 3 mai 2023 • 20h Ajoe Lorient : Soirée d’ouverture : - Le lien qui nous unit de Pélagie Serge Poyotte (Guyane, 2020, français/créole, 1h 49 min)
• 10h, Théâtre du Paradis : - Ti Emile - Milo pòkò mò de Fabienne Kanor (Martinique, 2008, documentaire musical, 54 min) • 20h, Ajoe Lorient, soirée musique internationale : - Rèd de Fabienne Orain Chomaud (France, 2023, français, 26 min) - Ahi Na Ma - Lindigo à Cuba de Laurent Benhamou & Valentin Langlois (France, 2018, documentaire, français/créole/espagnol, 53 minutes)
• 10h, Théâtre du Paradis : Deux documentaires d’Emile Romney sur les cases créoles. En présence du réalisateur Emile Romney • 20h, Ajoe Lorient, soirée « sauce chien » - L'âme du couteau-chien de Barcha Bauer (France, 2023, documentaire, français, 52 minutes)
• 14h30, Théâtre du Paradis : - George Tarer, un siècle à aimer de Steve James (Guadeloupe, 2019, français, 60 minutes) • 20h, Ajoe Lorient, soirée de clôture : - Jazz Fest : A New Orleans Story de Frank Marshall & Ryan Suffern |