L’apparition d’une nouvelle réglementation génère systématiquement des réticences. Par crainte, pour les principaux concernés, de perdre une partie de leur liberté dans leur manière de travailler. Ou, parfois, parce que le contenu de la nouvelle réglementation est mal exposé et expliqué, donc mal compris. C’est la raison pour laquelle, lors de la réunion du conseil territorial du jeudi 22 février, le conseiller Dimitri Lédée, chargé de la question des transports, a pris soin d’aborder dans le détail le texte qu’il a soumis au vote de l’assemblée. Une délibération qui a toutefois suscité de nombreuses interrogations, notamment de la part des élus de l’opposition, pour finalement être adoptée à la majorité.
« Nous allons commencer le quart d’heure Dimitri Lédée », s’amuse le président Xavier Lédée avant de donner la parole à l’intéressé. Il ne croyait pas si bien dire, puisque le sujet a occupé le conseil territorial pendant un peu plus d’une heure. « Il faut que la collectivité arrive à rétablir une équité entre les loueurs, a plaidé Dimitri Lédée. Nous ne disposons pas de données sur le parc locatif, le stationnement sauvage dérange, donc il faut se donner les moyens d’empêcher les personnes qui louent des véhiculent de faire n’importe quoi. » La réglementation présentée a pour but de limiter le nombre de véhicules autorisés en fonction des espaces de stationnement disponibles, d’établir un registre des loueurs pour faciliter le respect des règles et de « promouvoir des pratiques respectueuses de l'environnement ». Le rapport souligne «l'importance d'une approche collaborative et prend en compte les préoccupations des parties prenantes, notamment en matière de concurrence équitable ».
Se protéger contre la concurrence déloyale
Pour Romaric Magras, chef de file du groupe d’opposition Saint-Barth d’Abord, la réglementation «attaque des acteurs économiques ». Il s’interroge sur les conséquences de tels mesures, demande si la collectivité dispose des données nécessaires à leur mise en application, si les professionnels du secteur ont été consultés, etc. Dimitri Lédée répond : « Il y a eu une réunion publique avec les loueurs. La contribution forfaitaire annuelle des entreprises (CFAE) nous permet d’avoir des infos. D’ailleurs, j’ai été surpris de voir trois fois plus de personnes à la réunion publique par rapport aux données de la CFAE. » Et de dénoncer des particuliers qui se sont constitués un parc locatif sans disposer d’un terrain pour stationner leurs véhicules. « Ici, on loue des voitures comme on vend des chemises, peste l’élu. Le but de ces rencontres était aussi d’établir une liste des gens qui sont dans les règles. Pour les protéger. »
Les échanges dérivent quelque peu sur les tarifs à la location, le prix des courses des taxis, et l’opposition insiste sur l’attaque supposée faite à la profession de loueur de véhicules. Une fois encore, Dimitri Lédée martèle son objectif de protection quand Maxime Desouches, quatrième vice-président, lance : « Ceux qui ne respectent pas les règles font de la concurrence déloyale. » Une intervention semble clore le débat.
Il est à noter que, dans son avis, la Conseil économique, social, culturel et environnemental approuve l’adoption de la délibération. Néanmoins, le CESCE suggère parallèlement de « mieux encadrer la location de quad » en faisant référence au récent accident mortel de deux touristes canadiens à Petite Anse. Aussi, en plus de suggérer « des mesures pour s’assurer que les conducteurs de quad sont aptes à conduire ce type de véhicule en sécurité», le CESCE propose d’augmenter les droits de quai sur les importations de quad.