Réunis le vendredi 4 février en conseil territorial, les élus de la Collectivité étaient invités à débattre sur les orientations budgétaires. Pourtant, ce sont davantage sur l’abaissement de l’âge légal de 16 à 14 ans pour conduire des véhicules sans permis que les discussions ont porté.
De débat, il n’a pas été question. En tout cas, pas sur les orientations budgétaires de la Collectivité territoriale. Ou peu. Vendredi 4 février, en séance du conseil, les élus se sont davantage passionnés pour une délibération qui portait sur l’abaissement de l’âge légal de conduite des véhicules à quatre roues sans permis. Le débat d’orientation budgétaire, un rendez-vous pourtant capital, n’a fait l’objet que d’une poignée de remarques. La plupart issues des rangs de la majorité, pour saluer l’excellente tenue des finances et de leur répartition. Un peu mince.
Seule Hélène Bernier, élue d’opposition de la liste Saint-Barth Autrement, a notamment tenté de lancer une discussion sur les droits d’enregistrement et l’épineuse question du logement. « Au sujet des 48 millions d’euros de droits d’enregistrement, qui concernent les ventes de maisons et de terrains qui rapportent de l’argent à la Collectivité, soulève la conseillère. Ça m’inquiète beaucoup, même si ça montre que les finances se portent bien, car ça a des conséquences. Le prix du mètre carré à Saint-Barth explose. Un terrain acheté 10 millions d’euros il y a trois ans est en vente aujourd’hui à 30 millions d’euros. Les conséquences pour les résidents sont qu’ils ne peuvent déjà plus avoir accès à la propriété. Il faut s’interroger sur ce point. » Elle remarque également que la majorité des recettes portuaires sont occupées par l’importation de matériaux de construction tels que le ciment ou le gravier. « On continue la même politique de développement depuis des années », lance-t-elle avant d’ajouter : « A côté de ça, on est à 1,1% de dépense pour le social. Il y a dix ans, on ne voyait pas de SDF (sans domicile fixe) à Saint-Barth. Aujourd’hui, je pense qu’il y en a une cinquantaine. Partout sur les plages, il y a des gens qui dorment. Ça risque de nous exploser au visage si on ne s’en occupe pas. Ce serait bien de penser à mettre plus d’argent dans le social et faire moins de murets en pierre. »
Le président, Bruno Magras, réplique en évoquant la diminution progressive de la surface plancher pour les projets de construction. « Cela signifie que nous sommes sur la bonne voie, assure-t-il. Il ne pourrait y avoir diminution que s’il n’y avait plus de terrain en vente. Mais une île en développement est forcément soumise à une pression. Saint-Barthélemy souffre de sa réputation, de sa notoriété. On est un peu victime de notre succès. Mais qu’est-ce qu’on fait pour ralentir, interdire, au-delà de la carte d’urbanisme qui est de plus en plus rigide ? On a des règles plus fermées que ce qui existe en métropole ou en Guadeloupe. » Le président poursuit en fustigeant ceux qui, selon lui, voudraient « tout arrêter » et « revenir en arrière au temps de la lampe à pétrole ». Et d’ironiser : « C’est facile pour ceux qui, aujourd’hui, vivent dans l’opulence, de critiquer le bonheur qui est le leur. Mais bien évidemment qu’il ne peut y avoir de fumée sans feu. On ne peut pas demander aux touristes de lâcher leurs dollars et ne pas accepter les nuisances liées au tourisme. Il faut simplement fixer des règles acceptables par tous. Ce ne sont pas les habitants de Saint-Barthélemy qui payent les recettes de la Collectivité dans leur majorité, ce sont les touristes étrangers. Les orientations budgétaires montrent que l’héritage est lourd et qu’il ne faut pas le dilapider. La Collectivité n’a jamais été dans la situation qui est la sienne aujourd’hui. » Fin du « débat ». Enfin, presque.
Xavier Lédée évoque les 61 millions d’euros de recettes inscrits au budget. L’élu suggère « d’anticiper » et d’injecter « un peu moins » d’argent dans la section d’investissement et « d’en garder une partie pour la section de fonctionnement ». Notamment pour apporter une aide supplémentaire à certains services, comme l’urbanisme. Bruno Magras lui répond : «C’est une conception de la gestion qui n’est pas la mienne. Ce n’est pas ma philosophie. Dépenser plus en fonctionnement et faire moins d’investissement, je ne pense pas que c’est garantir l’avenir. » Emballez, c’est pesé.
En réalité, les échanges les plus longs et les plus animés ont concerné la délibération consacrée à l’abaissement de l’âge légal de 16 à 14 ans pour conduire les véhicules sans permis de quatre roues. Deux élues ont exprimé une ferme opposition à cette proposition : Bettina Cointre et Corinne Febrissy. Toutes les deux estimant qu’il n’est pas « responsable » de « mettre une voiturette entre les mains d’un adolescent de 14 ans ». Un long débat a ensuite porté sur la puissance et les vitesses de certains de ces véhicules, puis les élus ont voté favorablement l’adoption de la délibération. A l’exception de Bettina Cointre et Corinne Febrissy, qui se sont prononcées contre. Ce n’est qu’après le vote que Andy Laplace a remarqué : « Cette décision concerne-t-elle aussi les quads ? » En effet, puisqu’il en existe qui peuvent être piloté sans permis.