Une série de rencontres paraissait avoir établi un cessez-le-feu entre le président de la Collectivité, le groupe dissident Action-Équilibre et le groupe d’opposition Saint-Barth d’Abord. D’évidence, une simple illusion. Une seule publication de Xavier Lédée sur un réseau dit “social”, le 14 juin, a suffi à ranimer les braises du conflit. Quelques jours plus tard, Action-Équilibre s’est fendu d’un long brûlot sur ce même “réseau social”. Avant que Saint-Barth d’Abord n’en fasse de même. Sans surprise, la hache de guerre n’est donc pas enterrée et les élus sont plus divisés que jamais. Une ambiance qui risque fort de reléguer au second plan l’ordre du jour du conseil territorial de ce jeudi 27 juin, qui se tiendra à partir de 17 heures en l’hôtel de la Collectivité, à Gustavia.
Des divisions transposées aux législatives
Comme à l’habitude, la séance sera publique et, sans aucun doute, diffusée en direct sur Tropik FM. Un conseil territorial qui va se tenir sur fond d’élections législatives. Un scrutin qui ajoute d’autres sujets de divisions à ceux qui parasitent déjà le dialogue entre les trois groupes. En effet, comme en juin 2022, le président de la Collectivité a officiellement apporté son soutien au candidat Frantz Gumbs et à sa suppléante Mélissa Lake, élue Saint-Barth issue de la liste conduite par Xavier Lédée aux élections territoriales de mars 2022. Parallèlement, Saint-Barth d’Abord soutient évidemment la candidature de sa représentante, Alexandra Questel, qui bénéficie en outre de l’appui de l’ancien sénateur Michel Magras et du président honoraire de la Collectivité, Bruno Magras. Sans oublier celui de l’actuelle première vice-présidente, Marie-Hélène Bernier. Son groupe Action-Équilibre, qui semble désormais piloté par Bettina Cointre, ne s’est pas positionné pour un candidat.
Dans sa publication datée du 20 juin, le groupe Action-Équilibre répond avec véhémence à la « communication » du 14 juin du président Xavier Lédée. Mais il prend d’abord soin de préciser les raisons qui expliquent la lente progression des discussions, pour ne pas écrire des négociations, entreprises avec Saint-Barth d’Abord.
Plus « au temps de Bruno Magras »
« Contrairement aux impressions qu’ont peut-être une certaine partie d’entre vous, elles n’ont pas uniquement trait au remplacement de Xavier Lédée au poste de président », assure le groupe, qui fait ici référence à la possibilité de destituer le président par le biais d’une motion de défiance. « Nous discutons des projets à mener et à engager ensemble d’ici à la fin de cette mandature, est-il précisé dans la publication. Et évidemment, tout ne va pas de soi. Les points d’opposition ressurgissent logiquement quand nous abordons certains sujets clivants, mais il y a de la bonne volonté de part et d’autre. »
Action-Équilibre évoque notamment le système de gouvernance d’une collectivité « qui ne peut plus être dirigée comme au temps de Bruno Magras », et insiste : « Une majorité plurielle nécessite des débats, des compromis, un partage du pouvoir. Il est donc essentiel de voir jusqu’où Saint-Barth d’Abord et notre groupe pouvons aller ensemble avant de prendre les rênes de la Collectivité. » Et, surtout, parvenir à un consensus sur le nom de celle ou de celui qui s’installera dans le fauteuil du président.
Le « pompier pyromane »
La suite de la publication se résume en une charge contre Xavier Lédée. Le groupe affirme que Xavier Lédée «ment » quand il assure «avoir proposé il y a quelques semaines un mode de travail différent et inédit », et poursuit : « Depuis notre retrait de la majorité, à aucun moment il n’a fait la moindre proposition ou accédé à nos demandes, notamment en remplaçant ses collaborateurs de cabinet, mesure que nous exigions depuis plusieurs mois. »
Le groupe dissident nie toute volonté de remplacer le président sans avoir recours à un vote de la population. «D’une part parce que M. Lédée n’est pas favorable à demander la dissolution du conseil territorial, ce qui est pourtant la seule disposition permettant de recueillir l’avis de la population, écrit Action-Équilibre. Mais aussi parce que le président est élu par le conseil territorial et non par la population qui, elle, vote pour une liste ! A fortiori s’agissant de M. Lédée, arrivé troisième et dernier lors du premier tour des élections territoriales de 2022 et qui ne doit son poste de président qu’à l’union de nos listes et la décision gracieuse d’Hélène Bernier de lui céder la place ! » Et de suggérer au président en exercice, pour « mettre fin à toutes ses inquiétudes quant à la stabilité politique », de démissionner.
De son côté, Saint-Barth d’Abord se montre plus sobre dans sa publication du 23 juin, invoquant une « crise politique ». Le groupe répond toutefois à Xavier Lédée : « Le président accuse les élus de comploter alors que nous souhaitons, en réalité, trouver une sortie de l’inertie dans laquelle nous nous trouvons. Cette méthode, est celle du pompier pyromane qui après avoir mis le feu, sort sa lance pour l’éteindre. » Le conseil territorial doit débuter à 17 heures. Dans une atmosphère de joie et de bonne humeur, à n’en pas douter.
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