Le budget primitif 2023 a été adopté à la majorité lors du conseil territorial du jeudi 30 mars. Toutefois, la séance a été marquée par l’insistance des élus de l’opposition à faire inscrire au budget une ligne sur la délocalisation des écoles ainsi que par quelques échanges vigoureux.
La séance s’annonçait longue mais pas nécessairement fastidieuse. Avec dix points inscrits à l’ordre du jour en plus de la délibération consacrée au vote du budget primitif, il paraissait évident que les élus territoriaux s’embarquaient pour plusieurs heures de débats. Pourtant, si elle s’est étendue sur près de 3h30, la réunion du conseil territorial du jeudi 30 mars s’est révélée relativement riche en enseignements. Tout d’abord, parce qu’elle a permis d’enregistrer l’adoption du budget 2023, malgré un vote « contre » des six élus d’opposition du groupe Saint-Barth d’Abord (SBDA). Ensuite, parce que certains élus ont fait montre d’un certain caractère lors de leurs interventions et semblent ainsi s’affirmer davantage dans leur rôle de conseiller territorial.
Après une pluie d’adoption à l’unanimité lors du vote des sept premières délibérations, le président Xavier Lédée a ouvert l’examen du budget par une présentation synthétique. Il a notamment évoqué plus de 75 millions d’euros de projets d’investissements, 25 millions d’acquisitions foncières et un placement financier de 8 millions « pouvant rapporter près de 168.000 euros d’ici à novembre 2023 ». Il a également répété la volonté de prudence de la nouvelle majorité. «Nous continuons de baser le budget sur une baisse des recettes car nous estimons préférable de ne pas nous enflammer », a-t-il expliqué. De fait, les recettes prévisionnelles inscrites au budget 2023 sont presque toutes inférieures aux recettes réalisées au cours de l’exercice 2022. Pour exemple, les taxes fiscales avec les droits de quai (près de 25,3 millions de recettes en 2022 pour 19,7 millions inscrits au budget 2023), l’impôt sur les sociétés (CFAE, environ 7,7 millions en 2022, 3,75 millions prévus en 2023) ou encore la taxe de séjour (15,1 millions en 2022, 10 millions prévus pour 2023). Dans cette section, seules la taxe d’enlèvement des déchets (1,87 million en 2022 et 1,9 million prévu en 2023) et la taxe sur l’électricité (2,33 millions en 2022 pour 2,5 millions programmés en 2023) ont été envisagées à la hausse. Quoi qu’il en soit, après cette présentation, Romaric Magras, a pris la parole afin exposer les remarques du groupe d’opposition.
La délocalisation des écoles au cœur des débats
Il s’interroge notamment sur l’intérêt d’investir 25 millions dans l’achat de constructions « qui ont plus de trente ans » et raille la majorité pour sa propension à dépenser une partie de son temps et de son budget dans des études. Mais c’est principalement sur le dossier de la délocalisation des écoles de Gustavia à Saint-Jean que le chef de file de Saint-Barth d’Abord développe son propos. Il dénonce « la volonté de tuer dans l’œuf un projet de l’ancienne mandature », affirme que « Saint-Jean est une zone qui est vouée à être aménagée » et avance, à l’attention des élus de la majorité : « Vous refusez d’investir sur l’avenir de nos enfants. » Dès lors, il réclame au nom de SBDA l’inscription au budget d’une ligne qui garantisse le maintien du projet de délocalisation des écoles. Xavier Lédée réplique en réitérant sa déclaration formulée lors du débat d’orientation budgétaire le 6 mars : « Il existe déjà une ligne budgétaire pour une étude d’aménagement du territoire à Saint-Jean et Gustavia, pour les écoles. Il n’est pas question d’annuler notre réflexion sur ce sujet. » A la suite de cet échange, la « discussion » s’envenime progressivement.
Marie-Hélène Bernier, première vice-présidente, mentionne la pétition lancée par SBDA auprès de la population pour le maintien de la délocalisation à Saint-Jean. Elle assure : « Je tiens à rassurer les parents, aucune toiture ne va s’effondrer. Nos enfants sont en sécurité dans les écoles. » Et de préciser : « Notre priorité, c’est le logement des professeurs. C’est pour cette raison que l’on va en acheter. » Romaric Magras revient à la charge, appuyé par Alexandra Questel et Francius Matignon, et répète : « Il faut arrêter d’enfumer les gens ! » Puis vient Caroline Maurel, élue de la majorité mais qui n’hésite jamais à exprimer une position divergente. Elle estime que l’école maternelle n’est pas « inclusive » et remarque : « A force d’attendre des années, on se retrouve avec des locaux inadaptés. Il va falloir accélérer la relance du projet. » Une succession d’arguments qui ne changeront pas la ligne de la majorité et du président Lédée qui, comme de bien entendu, n’a pas modifié l’architecture du budget primitif 2023 pour y inclure la délocalisation des écoles.
Ainsi, pour une grande partie, les débats sur le budget ont porté sur un projet qui n’apparaît plus dans les plans de la majorité. En tout cas, pas sous une forme aussi concrète que celle programmée par la gouvernance précédente. Nul doute que les élus d’opposition ne manqueront pas de relancer la discussion dans les prochaines semaines. Une chose est sûre, les échanges se sont poursuivis en début de semaine sur un réseau social. Le président Lédée se fendant d’une tribune assassine à l’encontre de Saint-Barth d’Abord, qui a répliqué avec une publication tout aussi acerbe. Quand chacun use de son petit espace digital pour se défouler en dehors des séances officielles.
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