Lors de leur dernière réunion, le 27 juin, les élus du conseil territorial se sont littéralement donnés en spectacle. Règlement de comptes, attaques personnelles, les débats ont marqué une nouvelle étape dans la désagrégation de la gouvernance. « J’ai honte de l’image que l’on a montré ce soir », a lancé pendant la séance le chef de file du groupe Saint-Barth d’Abord, Romaric Magras. Difficile de savoir si les autres conseillers territoriaux partagent son sentiment. Quoi qu’il en soit, ce jeudi 18 juillet à partir de 17 heures, toutes et tous auront l’occasion de se présenter sous un meilleur jour lors d’une nouvelle réunion du conseil. Néanmoins, rien n’indique une évolution positive dans les rapports entretenus depuis six mois par les trois groupes qui constituent l’assemblée territoriale.
Un inenvisageable plan à trois
Tout d’abord, parce que les négociations entre le groupe Action-Équilibre, conduit par les vice-présidentes Bettina Cointre et Marie-Hélène Bernier, et Saint-Barth d’Abord (SBDA) sont toujours en cours. Ce, dans le but de parvenir à s’entendre sur les modalités du dépôt d’une motion de défiance visant à destituer Xavier Lédée pour installer un autre élu dans le fauteuil de président. La principale difficulté est que si les treize élus des deux groupes affirment ne plus vouloir travailler avec le président Lédée (Bettina Cointre l’a clairement indiqué lors de la réunion du 27 juin, quand Francius Matignon de SBDA a suggéré à Xavier Lédée de démissionner, lire le JSB 1574), ils ne parviennent pas à trouver un accord sur le nom de celle ou celui qui prendra sa place. Chacun ayant une opinion tranchée sur la question, sans volonté affichée de compromis.
Deux visions incompatibles
Pour Romaric Magras et Saint-Barth d’Abord, l’équation est simple. Depuis la rupture de l’union présidentielle majoritaire, le conseil territorial est constitué de trois formations distinctes. Celle-là même qui concourraient lors du premier tour des élections territoriales de mars 2022. Or, le premier tour de scrutin avait vu la liste conduite par Romaric Magras arriver largement en tête des votes (46,15%). Par conséquent, pour Saint-Barth d’Abord, une motion de défiance devrait naturellement porter Romaric Magras sur le siège de président. Le groupe Action-Équilibre a une vision très différente de la chose.
En effet, pour la formation désormais conduite par Bettina Cointre, mais dont la tête de liste en 2022 était Marie-Hélène Bernier, il est indispensable de prendre en considération le nombre d’élus au sein du conseil territorial. Or, si Saint-Barth d’Abord et le groupe présidentiel en compte six chacun, Action-Équilibre les devance avec sept conseillers territoriaux. La tête de la gouvernance devrait donc, selon eux, leur être confiée. Mais à qui ? Marie-Hélène Bernier ? Bettina Cointre ? Maxime Desouches ? Au sein même de la formation, la valse-hésitation n’a pas contribué à avancer sereinement dans le dossier de la motion de défiance. En admettant que celui-ci n’ait pas déjà été remisé sous une pile, au fond d’un tiroir.
Sept délibérations à voter
Que l’atmosphère soit ou non pesante, les élus auront à se pencher sur sept délibérations. Trois porteront sur les ressources humaines. En l’occurrence, la mise en place de tickets restaurants pour les agents, une nouvelle modification du tableau des emplois et l’actualisation des modalités d’attribution et d’usage des avantages en nature attribués au personnel. Les trois suivantes concerneront des affaires administratives avec l’approbation du règlement qui fixe les conditions de proposition de bail des logements de la Collectivité pour les agents publics hors fonction publique territoriale, la restauration écologique d’une parcelle cadastrée et, surtout, une proposition de grille tarifaire actualisée des taxis pour la période 2024-2028. Enfin, les élus voteront l’acquisition de parcelles situées à Saint-Jean « en contrepartie de travaux d’aménagement de voirie et de réseaux divers sur une zone commerciale ouverte à la circulation publique », est-il simplement indiqué sur l’intitulé de l’ordre du jour.
Le grand oral du préfet Comme chaque année, le préfet délégué des Iles du Nord, Vincent Berton, va présenter devant les élus du conseil territorial l’activité des services de l’Etat à Saint-Barthélemy. Un grand oral qui a pour objectif d’exposer, dans le détail, le travail réalisé par l’ensemble des agents chargés d’une mission sur l’île. L’intervention de Vincent Berton est programmée à 18 heures, le jeudi 18 juillet. Soit une heure seulement après le coup d’envoi de la réunion du conseil territorial. Une fourchette horaire des plus serrées. Le représentant de l’État peut donc espérer qu’aucune question diverse ne viendra prolonger la séance. |