«Il était temps de faire un toilettage. » Lors de la séance du Conseil territorial du 29 juin, la conseillère territoriale et présidente du Comité du tourisme n’a pas cherché à dissimuler sa satisfaction au moment d’aborder la question des modifications qui vont être apportées au système de fonctionnement des taxis à Saint-Barthélemy. Mais il ne s’agit pas du seul changement qui attend les professionnels usagers de la route. En effet, les transporteurs vont également être soumis à quelques évolutions de réglementation. Mais il va sans dire que les taxis sont ceux qui ont suscité le plus de réactions. Sans pour autant que les annonces faites en conseil ne soient véritablement surprenantes.
Application obligatoire pour les taxis
En effet, la Collectivité n’a fait qu’acter l’instauration d’un registre pour les détenteurs d’une licence de taxi. Un registre qui prend la forme d’une application téléphonique, déjà évoquée depuis le début de la mandature. « Avec ce registre, on va pouvoir compiler toutes les données, savoir qui fait quoi et à quelle fréquence, explique Dimitri Lédée, conseiller territorial chargé des questions de transport. Avec ce système, on ne sera plus à la merci de ce que l’on va nous raconter. Si quelqu’un ne travaille que deux mois, on aura la possibilité de lui donner une licence ponctuelle et de faire entrer d’autres taxis. » L’idée est donc de réguler l’activité en faisant, en quelque sorte, la chasse aux chauffeurs de taxi qui, dans les faits, n’utilisent pas leur licence. Sauf si certains refusent de s’inscrire sur l’appli. « Il y aura une obligation », précise Dimitri Lédée.
Autre volet, tout aussi délicat, les tarifs. « Ils doivent être régulés, déclare le conseiller territorial. Tout comme la privatisation, qui sera contrôlée et régulée par le biais de l’appli. » Et pour ne pas pénaliser les taxis qui profitent de la haute saison pour ne se consacrer qu’à un nombre limité de clients pour des raisons évidentes de revenus, Dimitri Lédée assure qu’il sera possible de penser à des accords qui permettront un « détachement » exceptionnel de quelques semaines. « Mais il faut que le service de taxi soit rendu », insiste-t-il.
« On se sent un peu surcontrôlés »
Du côté de l’association des taxis, le concept de l’application a été accueilli de façon mitigée. Toutefois, la plupart de professionnels n’y sont pas réticents. « C’est une bonne chose car cela va permettre de faire le tri entre ceux qui travaillent et ceux qui ne travaillent pas », explique un chauffeur. En revanche, l’association regrette un manque de concertation et de communication de la part de la Collectivité. « L’idée est bonne mais la manière de faire est mauvaise, regrette-t-on au sein de l’association. Avec ce registre, quelles vont-être les contraintes pour les taxis ? Qu’est-ce qui va faire qu’ils vont risquer de perdre leur licence ? Tout cela est un peu flou. On se sent un peu surcontrôlés. »
Pour les autres catégories de transporteurs, des changements sont également annoncés. Notamment pour permettre à certains de se mettre aux normes. Dimitri Lédée évoque un cas concret : « Depuis 2009 et le transfert de compétences, on a laissé des entreprises de transport ouvrir et on a eu des problèmes de sécurité. Par exemple, pour certaines activités (bargeage, déménagement, etc), il faut une capacité de transport. Pour l’obtenir, il faut aller en Guadeloupe pour suivre une formation de quatre à six mois. Avec cette nouvelle réglementation, on va mettre en place une formation à Saint-Barth sur la sécurité et la maîtrise. » Et pour être certain que la situation de chaque entreprise soit régularisée, un registre spécial sera également mis en place sur l’île.
Dimitri Lédée n’étant pas un adepte de l’inertie, nul doute que ces mesures ne tarderont pas à entrer en vigueur.