Saint-Barth - Micheline Jacques

Micheline Jacques : « On est en train de se tirer une balle dans le pied »

La séance du conseil territorial du vendredi 27 mai s’annonçait des plus paisibles. Neuf délibérations inscrites à l’ordre du jour dont aucune ne semblait pouvoir déclencher un débat passionné entre les élus. Dès lors, seule une question subsidiaire émanant de l’opposition pouvait éventuellement agiter les débats. Et ce fut le cas. C’est la sénatrice Micheline Jacques, conseillère d’opposition pour le groupe Saint-Barth d’Abord, qui l’a préalablement soumise au président Xavier Lédée. Par conséquent, avant même de s’attaquer à l’ordre du jour, les conseillers ont eu à écouter le sermon de la parlementaire, très remontée.

« Un problème politique »
La question de Saint-Barth d’Abord porte sur l’absence de nomination au poste de médecin sapeur-pompier ou, comme l’explique le président Lédée, le report du recrutement d’un praticien. Pour Micheline Jacques, il s’agit avant tout de regretter le fait que le docteur Gilles Aleyrangues, praticien hospitalier depuis de longues années, n’ait pas été retenu. Celui-ci ayant, par ailleurs, annoncé son départ de l’hôpital De Bruyn. « Compte tenu du travail qu’il a accompli à et pour Saint-Barth, je m’en émeus, déclare la sénatrice. Ça n’encourage pas les autres médecins. C’est un problème politique de fond et de politique à long terme. La Collectivité territoriale s’est battue pour avoir un service territorial d’incendie et de secours, une maison territoriale de l’autonomie et là, nous reculons. » Pour Micheline Jacques, le choix de Gilles Aleyrangues (membre de la liste Saint-Barth d’Abord lors des récentes élections territoriales) pour le poste de médecin sapeur-pompier est une évidence. « Il a un logement et toute la légitimité et je suis choquée d’entendre le contraire dans la bouche de la première vice-présidente », gronde la sénatrice.

« Une fixette »
De fait, lorsque Marie-Hélène Bernier - première vice-présidente, donc - a pris la parole pour répondre à Micheline Jacques, elle a expliqué : « Gilles a rendu beaucoup de services à la population, il a sauvé des vies. Mais il n’a pas une légitimité supérieure à d’autres candidats pour le poste. » Et de s’étonner de la virulence de Micheline Jacques sur le sujet : « Je ne vois pas pourquoi tu (Micheline Jacques) fais une fixette sur le fait qu’il n’a pas été embauché chez les pompiers. D’ailleurs, le poste a été ouvert en 2016 et les choses ont été faites à l’envers puisque la Collectivité a commencé par embaucher une infirmière. » Toutefois, la conseillère territoriale d’opposition n’en démord pas. Pour elle, sur cette question, la Collectivité « est en train de se tirer une balle dans le pied ». Et d’insister : « Pour la population, c’est un coup dur. Ce poste a été voté et budgétisé par l’ancienne mandature. Par l’opposition également. Il y a une ligne politique mise en place en matière de santé et il faut pouvoir la défendre. »
Afin de s’assurer que le débat ne se prolonge pas toute la soirée, le président Xavier Lédée prend soin de clarifier certains points. Comme, en premier lieu, le fait que l’embauche d’un médecin sapeur-pompier n’a pas été abandonnée mais repoussée. « La situation est à l’état de statu quo depuis six ans et nous comptons bien la faire évoluer rapidement », explique-t-il. De plus, il précise que le poste n’a aucun lien avec l’organisation du travail de l’hôpital que, n’ayant été pourvu jusqu’à présent, cette mise en attente ne peut avoir pour effet d’affaiblir l’offre de santé sur l’île. Le fait de le pourvoir, en revanche, aura des conséquences.
Ainsi, l’avantage de la présence d’un médecin au sein du Stis permettra de suppléer les urgentistes dans leurs tâches, notamment lors des évacuations sanitaires. Le chef de l’opposition, Romaric Magras, affirme : « Il pourra administrer les premiers soins et aller plus loin qu’un pompier ou un médecin généraliste. » Quoi qu’il en soit, pour l’heure, la nouvelle majorité n’a pas encore pris de décision tranchée. Nul doute que le rapport de la commission ad hoc sur l’offre de soin à Saint-Barth, actuellement en cours de consultations, aura une influence sur l’évolution de ce dossier.

Un accueil pour les écoliers pendant les grandes vacances
Les neuf points inscrits à l’ordre du jour ont été adoptés par les élus territoriaux. Notamment la constitution de plusieurs commissions (appel d’offres, achat public, délégation de service public) au sein desquelles vont siéger Olivier Gréaux, Mélissa Lake, Hélène Bernier, Romaric Magras et Sandra Baptiste (titulaires) ainsi que Jonas Brin, Caroline Maurel, Maxime Desouches, Rudi Laplace et Alexandra Questel (suppléants). L’ouverture d’un centre d’accueil de loisirs sans hébergement pour les écoliers de l’île entre le 11 et le 29 juillet a été voté à l’unanimité, tout comme l’acquisition d’une parcelle cadastrée de terrain de 170 mètres carrés à Merlette, pour un euro symbolique. Un achat qui « finalise l’obtention complète d’une voie de circulation », précise la Collectivité.

Journal de Saint-Barth N°1475 du 02/06/2022

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