Une lettre anonyme menaçante envers le Président et les vice-présidents, et une conseillère territoriale copieusement dénigrée sur la page Facebook publique d’un de ses homologues. S’ils font l’objet d’injures ou de menaces dans le cadre de leurs fonctions, les élus peuvent bénéficier de la “protection fonctionnelle”, c’est à dire que leurs frais de justice sont pris en charge par la Collectivité.
A la suite de la lettre anonyme dégradant le Président de la Collectivité et les élus en général (JSB 1371), envoyée à plusieurs services, entreprises et particuliers de l’île, la protection fonctionnelle pour l’ensemble des élus a été inscrite à l’ordre du jour du conseil territorial. C’est à dire que les frais de justice seront couverts par la Collectivité.
« Vous avez vu la lettre qui m’a été envoyée par un courageux, quelqu’un qui n’a pas signé et préfère faire ses menaces par derrière plutôt qu’en face de moi. Nous aurions pu régler nos comptes, mais il préfère insulter les gens sans laisser de nom ni d’adresse », commente Bruno Magras. « Ceci étant, il y en a deux qui vont passer devant le tribunal correctionnel à Paris dans les mois à venir, ils vont peut-être payer pour apprendre. » Le Président fait ici allusion à un homme qui avait appelé à « le mettre sur un bûcher », dans un commentaire sur Facebook, contre qui il avait porté plainte. Selon la loi, l’administrateur de la page qui héberge ledit commentaire est poursuivi pour les mêmes faits, et encourt la même sanction.
Là-dessus, Hélène Bernier a souhaité intervenir. A la suite du conseil territorial du 4 avril, qui concernait exclusivement la crise sanitaire, la radio associative Tropik FM avait annoncé sur sa page Facebook la tenue d’une séance de questions-réponses entre élus et auditeurs, en direct. Certains élus ont été froissés que cette initiative inédite ne leur ait pas été communiquée en amont. La Collectivité elle-même ne l’avait pas annoncé aux administrés. Hélène Bernier (Saint-Barth Autrement) s’était alors fendue d’un commentaire : « Tropik Fm, radio officielle de la Com ? » qui a été très mal pris par un autre élu, Romaric Magras (Saint-Barth d’Abord), le président de la radio locale. Celui-ci a répondu à la remarque d’Hélène Bernier sur sa propre page Facebook. Cela aurait pu en rester là, mais la publication de Romaric Magras a été suivie d’un déferlement de commentaires peu amènes sur Hélène Bernier. « Si je portais plainte, ça irait au pénal », dit-elle. Elle avait déjà fait part de son indignation aux élus par mail, à la suite de quoi Romaric Magras a supprimé la publication et les commentaires. « Je pense qu’avec le confinement, les gens sont sur les nerfs. J’aimerais que les gens de Saint-Barth prennent conscience que ce qui se passe sur les réseaux sociaux, ce qui est injurieux ou diffamatoire peut aller loin devant les tribunaux. Ils risquent beaucoup », ajoute la conseillère territoriale. « Je n’ai pas tenu de propos injurieux, j’ai fait une mise au point, c’est tout », rétorque Romaric Magras. «Mais tu es responsable des propos qui sont tenus sur ta page », répond Hélène Bernier. « Si je me porte partie civile et que je porte plainte, tu risques 12.000 euros d’amende, comme la personne qui a tenu des propos diffamatoires. » « Si tu veux traîner devant les tribunaux les gens qui ont fait des commentaires, et même moi, tu es libre », lâche Romaric Magras. « Pour moi, le dossier est classé ».
« Je pense que chaque élu serait bien inspiré de prendre un peu de hauteur, ne pas faire de commentaires sur tout et n’importe quoi sur les réseaux sociaux, traiter les sujets qui méritent d’être traités et pas la polémique, parce que ça n’élève pas le débat », conclut Bruno Magras, qui appelle à réfléchir à deux fois avant de publier à tort et à travers sur les réseaux sociaux.