« Les résultats de l’année sont très bons. » Quelques jours avant la réunion du conseil territorial, ce jeudi 22 février à 17 heures en l’hôtel de la Collectivité, le président Xavier Lédée évoque avec sérénité la tenue du débat des orientations budgétaires pour l’année 2024. « La taxe de séjour est en augmentation et rien de particulier n’est à signaler au niveau financier », se félicite l’élu. De fait, comme chaque année, l’amorce du prochain exercice se présente sous les meilleurs augures sur le plan économique. L’enjeu de la réunion de ce jeudi, dont l’ordre du jour comprend onze points divers avant de se pencher sur les orientations budgétaires, va donc plutôt être de savoir comment utiliser les fonds dont dispose la Collectivité.
Relance de la délocalisation des écoles
Pour le président Lédée, les perspectives semblent des plus claires. « Comme annoncé en 2023, des lignes budgétaires vont être consacrées à l’éducation », annonce-t-il. Tout particulièrement au projet de délocalisation des écoles de Gustavia, de la cantine scolaire et du collège Mireille Choisy à Saint-Jean. « La délocalisation se fera sur le terrain qui se situe derrière Super U, où était jusqu’à présent entreposés les débris post Irma, explique le président. Pour commencer, avant la fin du mois, la zone sera aménagée en parking. » En plus des établissements scolaires et de la cantine, Xavier Lédée soulève l’idée de créer « un plateau technique pour le centre de formation des apprentis ». Une annonce qui devrait satisfaire les élus du groupe d’opposition Saint-Barth d’Abord (SBDA), qui réclament la relance du projet de délocalisation imaginé par l’ancienne majorité mis de côté par la nouvelle équipe gouvernante en début de mandat. Néanmoins, l’opposition demande également la tenue d’une réflexion sur « la pertinence du transfert du collège », estimant que « le foncier libéré à Gustavia permet d’offrir plus de place pour les classes de seconde et la section d’apprentissage ». Mais aussi pour rénover et agrandir la cantine scolaire, écrit SBDA.
Un Ehpad en deux parties ?
Autre ligne budgétaire sur laquelle le président Lédée entend avancer en 2024 : la santé. Il évoque ainsi les 4,7 millions d’euros attribués lors du Ségur de la santé, en 2020, destinés à la reconstruction et au développement de l’hôpital Irénée de Bruyn. Une somme qui, pour l’heure, n’a pas été utilisée. « Nous n’avons pas avancé sur ce point avec l’ancienne directrice de l’hôpital, madame Lampis, et pendant la période d’intérim, explique Xavier Lédée. Mais les 4,7 millions sont encore disponibles. Avec la nomination d’un directeur pour Saint-Barthélemy, j’espère que l’on va pouvoir avancer vite et mieux sur cette question. » Avec une autre proposition : celle de scinder l’Ehpad en deux structures. « Conserver une partie très médicalisée à Gustavia et construire (sur le terrain de la Collectivité qui se situe à droite de la route qui descend vers l’anse des Cayes) un petit village de retraite en y insérant, pourquoi pas, une maison d’assistantes maternelles, dévoile le président. Ça permettrait de proposer quelque chose de vivant qui reprenne le patrimoine local en termes d’architecture. »
Pour les projets qui vont s’achever en 2024, Xavier Lédée évoque la ferme pédagogique à Gouverneur, la caserne des pompiers de Saint-Jean (dont les travaux accusent près de huit mois de retard, comme de nombreux chantiers sur l’île), la reprise des travaux du parking et de la salle de spectacle à Gustavia, mais aussi l’extension du port de commerce vers Public (ainsi que la reprise des quais du port de plaisance). Une nouvelle qui devrait ravir la direction du port, qui souligne la nécessité d’effectuer des aménagements supplémentaires dans tous ses rapports d’activité annuels depuis 2013 (lire cadre).
Acquisitions foncières
Le président de la Collectivité précise que le budget 2024 sera également consacré à la réfection du centre d’hébergement de Saint-Jean pour «l’amener sur une transition écologique ». Une réflexion et des études seront menées sur le devenir du parking qui se situe en face de l’aéroport, mais aussi sur l’opportunité de construire un rond-point à la sortie du Super U et de l’aéroport. « Les résultats de l’étude seront présentés dans l’année », assure le président. Par ailleurs, les travaux de la nouvelle Maison d’assistante maternelle à Cul-de-Sac devraient être lancés cette année. De plus, Xavier Lédée annonce une enveloppe de 45 millions d’euros consacrée à des acquisitions foncières. «Dont 20 millions de report de valeur de l’exercice 2023 », précise-t-il en mentionnant la mise en place d’une fourrière et d’un pôle mécanique à Saline ainsi que l’installation de panneaux photovoltaïques sur le toit de l’hôtel de la Collectivité.
D’autres réflexions seront menées sur l’aménagement de parkings dans Gustavia, mais aussi sur la possibilité d’inverser le sens de circulation pour l’entrée et la sortie de la ville. Autant de projets qui seront évoqués dans le détail lors de la séance de ce jeudi.
Ordre du jour du conseil territorial
1- Modification du règlement intérieur du marché de Saint Barthélémy
2- Modification de la règlementation des transports routiers de personnes et de marchandises - insertion du livre 4 relatif aux locations de véhicules terrestres à moteur
3- Mise à disposition du public d'une étude d'impact relative à la mise en place de la fourrière
4- Approbation et autorisation au président a signé un protocole transactionnel à la suite de l'incendie du local NRO sis à Gustavia
5- Autorisation au président a donné congé pur et simple avec indemnités d'éviction au titulaire d'un bail commercial sis sur la parcelle cadastrée AL 202
6- Abrogation de la délibération n° 2023-088 CT - Acquisition de la parcelle cadastrée AT n°26 située à Grand Fond
7- Abrogation de la délibération n°2019-87 CT et régularisation d'une cession et d'une acquisition de terrains au profit de la collectivité, dans le cadre de l'élargissement et de la sécurisation de la voie existante
8- Régularisation de cessions de terrains au profit de la collectivité, dans le cadre de l'élargissement de la sécurisation de la voie existante
9- Acquisition d'une portion de la parcelle cadastrée AV n°140 située à Vitet et constitution d'une servitude de passage sur la parcelle cadastrée AV n°248
10- Exonération des droits de quai sur les produits de consommation courante concernés par l'accord de modération des prix à Saint-Barthélemy
11- Rapport d'observations définitives du contrôle des comptes et de la gestion de la collectivité de Saint-Barthélemy concernant les exercices 2018 et suivants
12- Débat des orientations budgétaires pour 2024
Les propositions de l’opposition
Les six élus du groupe Saint-Barth d’Abord ont présenté un rapport dans lequel ils dévoilent leurs propositions pour le débat d’orientations budgétaires. Certaines rejoignent celles de la majorité, comme l’extension du port de commerce. Mais le groupe propose également d’aménager un parking à Corossol, de programmer la construction d’un nouveau dojo, de travailler sur la réduction des nuisances du centre de propreté de Public, de soutenir la mise en place d’un système de navettes entre Saint-Jean et Gustavia, d’instaurer un code du tourisme ou d’acquérir le foncier de l’étang de Petit-Cul-de-Sac. Les élus de SBDA insistent aussi sur leur projet de serre pilote et de poubelles semi-enterrées. Ils proposent aussi de construire une nouvelle cale de halage à Lorient pour désengorger celle de Gustavia.
Le port a besoin d’espace
S’il est un projet qui ne relève pas d’une récente illumination, il s’agit sans nul doute de l’extension du port de commerce et de la réfection du port de plaisance. En effet, depuis plus de dix ans, le rapport d’activité annuel de la direction réclame plus d’espace en raison de l’augmentation constante de l’arrivage et du stockage des conteneurs de marchandises. Pour exemple, en 2013, le port de commerce a enregistré l’entrée de 4.464 conteneurs. En 2023, ils ont été 8.481 à être débarqués sur les quais de Public. Contre 2.699 en 2003… Une hausse de 92,64% a été constatée entre 2010 et 2016 dont une augmentation de 67,18% entre 2013 et 2016. Avec une pointe en 2018 et 2019 (9.656 et 9.293), après le passage dévastateur de l’ouragan Irma. Depuis, le bilan est resté constant. Sans doute en raison de l’augmentation du nombre d’habitants et de touristes ainsi que de leur consommation. De plus, aux espaces de dépotage et de stockage s’ajoutent le manque de places de stationnement pour les véhicules ou le manque d’espace pour la manutention. Bref, il semble temps de se pencher sérieusement sur un problème qui perdure et s’amplifie depuis plus d’une décennie.