Saint-Barth -

Le budget adopté, sous le contrôle de Saint-Barth d’Abord

Est-ce grâce à « l’alliance » nouvelle au sein du conseil territorial que le budget primitif a été adopté lors de la réunion du jeudi 27 mars ? Sans aucun doute. Néanmoins, si Xavier Lédée et les quatre conseillers territoriaux qui lui sont restés fidèles (Olivier Gréaux, Marie-Angèle Aubin, Fabrice Querrard et Mélissa Lake) ont clairement accepté de céder quelques pouces de terrain supplémentaires au groupe Saint-Barth d’Abord, il est apparu comme une évidence au fil de la séance que la formation présidée par Alexandra Questel s’impose désormais comme la force décisionnaire au sein du conseil. Au grand dam du troisième groupe de l’assemblée, Action-Équilibre, dont la motion de défiance visant à démettre Xavier Lédée de ses fonctions a été rejetée le 17 mars. Un épisode qui, sans surprise, a entraîné une nouvelle bascule de la gouvernance.
Lors de la séance du 17 mars, seuls les huit élus d’Action-Équilibre (Marie-Hélène Bernier, Bettina Cointre, Maxime Desouches, Dimitri Lédée, Pascale Minarro Baudoin, David Blanchard, Jonas Brin et Cécile Rubino Tessier) ont voté pour l’adoption de la motion de défiance. Le groupe présidentiel s’est prononcé « contre » et Saint-Barth d’Abord n’a pas pris part au vote. Malgré les désaccords maintes fois exprimés quant à la manière dont l’actuel président conduit les affaires de la Collectivité, les élus de SBDA ont préféré lui laisser son fauteuil plutôt que d’y asseoir Marie-Hélène Bernier. Néanmoins, ce choix d’une stabilité présidentielle ne s’est pas accompagné d’un blanc-seing. De fait, la réunion du 27 mars a montré que Saint-Barth d’Abord et sa cheffe de file n’ont l’intention de ménager ni Xavier Lédée ni les élus d’Action-Équilibre.

Un président recadré
Dès l’examen de la première délibération inscrite à l’ordre du jour, le président est repris de volée par Alexandra Questel. Alors qu’il vient d’affirmer avoir été sollicité par les élus du groupe Saint-Barth d’Abord afin de « palier à certaines absences de présidences » dans plusieurs commissions, la cheffe du groupe SBDA le recadre immédiatement en indiquant : « Après la démission de Caroline Maurel et que vous avez perdu la présidence de la commission sociale, Marie-Angèle (Aubin) a formulé le souhait de reprendre cette commission et a discuté avec Rudi (Laplace) de l’éventualité qu’il reprenne la commission environnement. Simplement pour préciser que ce n'était pas une demande de notre part. »
Quelques minutes plus tard, au moment d’élire le président de la commission sociale, le groupe Action-Équilibre soutient avec insistance la candidature de Cécile Rubino Tessier contre celle de Marie-Angèle Aubin. Le président Lédée argue du fait que cette demande a été formulée « une demi-heure avant la clôture des amendements » et déclare : « Dans la forme, je trouve ça cavalier. » Marie-Hélène Bernier, première vice-présidente, répond qu’un vote s’avèrerait « plutôt démocratique ». Suivent quelques chicaneries verbales jusqu’à l’intervention d’Alexandra Questel, qui tranche en déclarant que son groupe est favorable à un vote. Le président s’incline et le vote est favorable à Cécile Rubino Tessier qui bénéficie de… trois voix de SBDA.

Deux délibérations retirées
L’approbation des projets de pacte capacitaire Usar (Unité de sauvetages appuis et recherches) et IBNB (Interventions à bord des navires et bateaux) est contestée par la sénatrice Micheline Jacques et par Alexandra Questel. Selon les élues de SBDA, ces pactes ne sont pas indispensables pour obtenir le matériel utile au Stis (Service territorial d’incendie et de secours). « Ce type de convention n’est pas nécessaire pour la Collectivité de Saint-Barthélemy », insiste la cheffe de groupe. «La délib’ ne prévoit pas de montant, donc on peut valider les deux délib’, au pire, et ensuite à charge à nous de gérer la chose », précise Xavier Lédée, qui est encore repris par Alexandra Questel : « La délibération prévoit un montant de 41.000 euros. Donc on ne peut pas l’adopter. Soit on vote contre et ça ne passe pas, soit on la retire parce qu’on est tous d’accord qu’on ne veut pas adopter ce pacte capacitaire. » Le président et l’ensemble des élus acquiescent. Les deux délibérations sont retirées de l’ordre du jour.

« Quatre années de perdues »
Autre illustration, parmi d’autres, de la prise de contrôle de Saint-Barth d’Abord, lors du vote du budget. Alexandra Questel commence par tirer à boulets rouges sur une mandature qui n’a « plus de ligne directrice, plus de cap » avant de lancer : « Le problème auquel nous faisons face n’est pas financier. Il s’agit bien d’un problème de gouvernance et de politique. » Et de tancer le président Lédée : «Une collectivité doit être gouvernée et gouverner s’est prévoir (…) Vous avez arrêté tellement de projets majeurs pour notre île pour ensuite les reprendre, qu’aujourd’hui nous avons accumulé plus de vingt millions d’euros de dépenses. C’est du gaspillage (…) Voilà l’héritage que nous laisserons : quatre années de perdues. » Après ces admonestations, la cheffe de groupe déclare que Saint-Barth d’Abord votera favorablement pour le budget primitif 2025. Parce qu’il «contient des projets que nous avons portés », affirme l’élue avant de conclure : « Vous l’aurez compris, quelle que soit la situation, Saint-Barth d’Abord continue de tracer le chemin. » Au bout duquel se trouve l’élection territoriale de mars 2027.
Le rejet de la motion de défiance a permis à Xavier Lédée de conserver sa fonction de président. En trouvant un terrain d’entente avec SBDA, il a aussi sauvé l’adoption de son budget. Néanmoins, dans une position minoritaire au sein du conseil territorial, il va désormais être dans l’obligation de composer avec deux groupes d’opposition : Saint-Barth d’Abord qui a clairement l’intention d’imposer ses vues et opinions, et Action-Équilibre qui va férocement défendre son statut de groupe majoritaire. Notamment à l’occasion de la recomposition du conseil exécutif qui ne manquera pas de survenir dans les prochaines semaines. Au détriment du groupe Action-Équilibre ? Pas impossible. Une affaire à suivre, par conséquent.

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Action-Équilibre, de la majorité à l’opposition
Si la rupture entre le groupe Action-Équilibre et celui du président Xavier Lédée est consommée depuis de nombreux mois, la cordiale discorde qui jusqu’alors caractérisait les rapports entre la formation conduite par Marie-Hélène Bernier et les élus de Saint-Barth d’Abord s’est muée en une hostilité vengeresse lors de la réunion du jeudi 27 mars. Le trio constitué de Marie-Hélène Bernier, Dimitri Lédée et Pascale Minarro Baudoin n’ont eu de cesse, à tour de rôle et tout au long de la séance, de porter des attaques à l’encontre du groupe dirigé par Alexandra Questel. Une réplique, à n’en pas douter, au positionnement des élus de Saint-Barth d’Abord le 17 mars dernier lorsqu’ils ont rejeté la motion de défiance proposée par leurs homologues d’Action-Équilibre. Un conflit qui a permis au président Lédée de traverser la réunion du conseil territorial dans une relative quiétude, n’étant plus la cible privilégiée des critiques de ses anciens alliés. Xavier Lédée a même eu l’occasion d’endosser le costume de conciliateur lorsque des échanges entre Marie-Hélène Bernier et Alexandra Questel sont « montés dans les tours ».

Un budget équilibré à hauteur de 397 millions
Le budget primitif a été adopté à la majorité par les élus. Seuls les huit conseillers du groupe Action-Équilibre se sont abstenus lors du scrutin. Comme indiqué dans nos précédentes éditions (1608 et 1609), le budget primitif 2025 se présente à l’équilibre, avec des dépenses totales estimées à 397,686 millions d’euros, tout comme les recettes. Le budget de fonctionnement s’élève à 212,184 millions d’euros. Le budget d’investissement à 185,502 millions. Les recettes de fonctionnement bénéficient d’un report de l’exercice 2024 d’un montant de 105,367 millions. En section d’investissement, les recettes prévisionnelles sont à l’équilibre grâce à un virement depuis la section de fonctionnement de 138,262 millions.

9,45 millions d’euros pour un ensemble immobilier à Petit-Cul-de-Sac
Les élus ont voté l’acquisition d’un ensemble immobilier de douze logements (1 studio, 7 T1, 3 T2 et 1 T3) situés à Petit-Cul-de-Sac (parcelles AZ374, 328 et 352). Si France Domaine a évalué la valeur vénale du bien à 5,85 millions d’euros, c’est pour la somme de 9,45 millions que les élus du conseil territorial ont accepté d’entériner la transaction. Un montant qui inclut les honoraires de l’agence immobilière qui a mené les négociations (Saint-Barth Real Estate) ainsi qu’une valorisation de 120.000 euros pour le mobilier. Le permis initial du site date de 1989 et concernait un local destiné à accueillir une laverie. Depuis les années 2000, l’endroit a été réaménagé en logements. Dans le rapport présenté aux élus, il est indiqué qu’en 2022, « une demande de contrôle d’assainissement mentionnait sept logements sur la parcelle alors qu’en réalité il y en avait cinq de plus ». Il est précisé que « cette inspection avait conclu à une non-conformité du système d’assainissement » et que « la situation reste inchangée à ce jour ». Le site dispose de douze places de parking et de deux citernes de 100 et 200 mètres cubes. « Un seul mot, cher », a commenté l’élu Maxime Desouches. Aux interrogations de Dimitri Lédée et Marie-Hélène Bernier, Rudi Laplace a répondu en que les seuls travaux « lourds » sont ceux de l’assainissement. «C’est une bonne affaire », a assuré le nouveau président de la commission environnement. La délibération a été adoptée à onze voix « pour » (celles des élus du groupe présidentiel et de Saint-Barth d’Abord), six « contre » et deux abstentions des huit élus d’Action-Équilibre.

Commissions : une refonte des présidences
En avril 2024, Jonas Brin, Dimitri Lédée, Pascale Minarro Baudoin, David Blanchard et Maxime Desouches avaient démissionnés de la présidence de leur commission respective. Jeudi 27 mars, il a donc été demandé aux élus de voter afin de nommer de nouveaux présidents à chacune des commissions de travail. Une délibération qui a entraîné d’ardents échanges. Notamment entre les élus du groupe Action-Equilibre, désireux de porter la candidature de Cécile Rubino Tessier à la présidence de la commission sociale, en remplacement de Caroline Maurel qui a quitté ses fonctions après avoir démissionné du conseil territorial. Xavier Lédée s’est montré réticent à accepter cette candidature. En raison du dépôt tardif, mais dans les délais légaux, de l’amendement proposant la candidature de Cécile Rubino Tessier. Mais aussi car le siège était promis à Marie-Angèle Aubin qui, en contrepartie, acceptait de céder la présidence de la commission environnement à Rudi Laplace de Saint-Bart d’Abord. Lors du vote, qui a finalement eu lieu, les élus ont rejeté la candidature de Marie-Angèle Aubin pour la commission sociale (10 voix « contre » dont deux de SBDA – Micheline Jacques et Sandra Baptiste - 9 voix « pour ») avant d’entériner celle de Cécile Rubino Tessier (11 voix « pour » dont trois de SBDA – Micheline Jacques, Sandra Baptiste et Francius Matignon – et 8 « contre »). Les autres présidents élus sont : Olivier Gréaux à l’urbanisme, Fabrice Querrard à la maîtrise du développement et modernisation du territoire, Rudi Laplace à l’environnement, Mélissa Lake aux affaires économiques.

 

Journal de Saint-Barth N°1610 du 03/04/2025

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