Difficile de mesurer l’ampleur de l’impact de la crise du Covid-19 sur les recettes publiques, pour le moment. Le conseil territorial a donc adopté le budget 2020 tel qu’il avait été prévu, et l’affinera en cours d’exercice.
C’est le gros morceau, chaque début d’année, qui cette fois-ci n’a pas suscité beaucoup de discussions au conseil territorial, pour deux raisons : 1) Il est difficile pour le moment de mesurer avec exactitude l’impact du coronavirus sur les finances publiques. 2) quasiment tous les élus d’opposition étaient absents vendredi.
« Nous avons estimé un budget à 179 millions d’euros pour 2020. Mais bien entendu les recettes seront moins élevées que prévu », souligne Bruno Magras en préambule. « Je vous propose de réaliser un point d’étape au mois de juin. » Avant le confinement, la Collectivité avait tablé sur des recettes en baisse de 10% pour chaque section (droits de quai, droits d’enregistrement, taxe de séjour, CFAE, etc.) « Nous avons des incertitudes principalement sur les transactions immobilières et les droits de quai. Ceux-ci accusent déjà une baisse de 12% sur les deux premiers mois de l’année », informe le Président. « Parallèlement, nous avons mis en place des règles draconiennes dans le domaine de l’urbanisme, les recettes vont s’en ressentir. Néanmoins pour le moment il n’y a pas lieu de prévoir une hausse des taxes, ni de revoir à la baisse nos investissements. Il faut seulement être prudent, et ne pas engager de nouveaux investissements. » Et de rappeler que la Collectivité dispose d’une trésorerie de 50 millions d’euros, d’un patrimoine estimé à 350 millions d’euros, et n’a aucun emprunt en cours.
Dépenses impondérables
Certaines dépenses publiques sont impondérables. Les charges de fonctionnement bien sûr (48,5 millions d’euros) et certains investissements au long cours, comme la construction de la seconde usine d’incinération (17 millions d’euros étalés jusqu’en 2028), le déploiement de la fibre optique (12,45 millions jusqu’en 2025), ou encore le parking de la rue de la Paix (17 millions d’euros jusqu’en 2023). La construction d’une nouvelle caserne pour les pompiers a aussi été actée, pour 8,5 millions d’euros répartis de 2020 à 2022. Celle-ci sera bâtie sur le terrain qui fait face à l’actuelle. Parmi les dépenses programmées, on trouve aussi 5 millions d’euros pour l’enfouissement des réseaux, 3,5 millions pour la réfection de la voirie, 2,5 millions pour l’aménagement de l’entrée de Gustavia, 2 millions pour la construction de logements à Flamands, 2,1 millions pour la réhabilitation du quai Rockefeller… Le matelas de 5,5 millions d’euros provisionné l’an dernier pour faire face à une éventuelle catastrophe naturelle a été ramené à 3 millions d’euros.
Si la Collectivité a les reins solides, la crise du coronavirus aura forcément un lourd impact sur ses finances 2020, ce qui pourrait à tout le moins reporter certains investissements. Elle en saura davantage dans deux, trois mois, selon la tournure des événements. Mais même si le confinement était levé dès avril et que la situation s’améliorait rapidement dans le monde, il faudrait sans doute un peu de temps avant de revoir les touristes déferler sur l’île. Les hôtels ont fermé, les saisonniers sont partis, les plus gros événements de l’année (Bucket, Voiles de Saint-Barth, Transat AG2R) sont annulés. La saison 2019-2020 s’est terminée mi-mars, il y a peu de chances qu’elle reprenne véritablement avant l’automne.
Versements
en plusieurs temps
Pour les autres associations, ce sera plus compliqué. Là aussi, le conseil territorial a préféré voter le budget tel qu’il avait été prévu, et reviendra dessus dans les mois qui viennent. Car de toute façon, de nombreux frais sont effacés par la crise du Covid-19 en raison de l’annulation d’événements et de la suspension des activités des clubs sportifs, et des déplacements.
« Ce qui a été prévu avec le service financier, c’est qu’on vote un plafond de subvention ; on en verse une partie seulement », explique Bruno Magras. « Les associations qui demandent moins forcément auront moins, celles qui ne demandent rien n’auront pas forcément ce qu’elles ont demandé. Etant entendu qu’il y aura possibilité d’ajuster, on pourra toujours augmenter si les recettes de la Collectivité le permettent. » Et le Président d’ajouter : « C’est un révélateur qui va peut-être faire prendre conscience à beaucoup de gens que nous sommes en train de gérer des deniers publics, qui doivent être dépensés à bon escient, et pas pour se faire plaisir. »
« Les sommes votées et pas utilisées pourront être reportées sur l’année prochaine », ajoute Corinne Gréaux-Fébrissy, présidente de la commission des sports. La plupart des subventions et dotations avaient de toutes façons fait l’objet d’une amputation par rapport à l’an dernier. La Cem, l’ATE et le CESCE, notamment, voient leurs budgets contractés au maximum, et la plupart des associations obtiennent une enveloppe diminuée. Parfois très loin de la somme demandée.
Pour la première fois, chaque commission a détaillé les demandes de chaque association, ce qu’il a été décidé de leur accorder, et à quoi cette somme servira. Un travail souligné par Bettina Cointre, élue Tous pour Saint-Barth, qui se félicite aussi de constater que beaucoup d’associations « ne fonctionnent pas seulement avec les subventions publiques. »
En tout cas, secteur par secteur, le mot d’ordre est bien à la restriction : 5.000 euros pour l’environnement, contre 10.000 l’an dernier ; 755.600 euros pour le scolaire, contre 880.800 l’an dernier ; 224.460 euros pour les arts, la culture, le patrimoine, contre 231.440 l’an dernier.
Le CTTSB passe de 794.000 à 744.000 euros, le CESCE de 100.000 à 50.000 euros, l’ATE, qui dispose d’un report de l’exercice précédent, verra ses projets réduits puisque son enveloppe passe de 537.000 à 268.000 euros. La section apprentissage du collège diminue aussi, de 150.000 euros l’an dernier à 70.000 cette année.