Les élus ont voté en faveur du budget primitif 2018 lundi soir, au terme d’un débat sans anicroche. Toutefois, l’incertitude plane sur les recettes de l’année en cours.
à l’ouverture de la séance, lundi soir, le président Bruno Magras expose les grandes lignes du budget prévu pour l’année 2018 aux conseillers territoriaux, en insistant sur le fait qu’il s’agit de prévisions et que des modifications sont toujours apportées en cours d’année.
La situation post-Irma laisse peser une incertitude sur les recettes de l’année en cours, mais le premier magistrat s’est voulu rassurant. «Les droits de quai ont nettement augmenté, de 9% en janvier et quasiment 49% en février par rapport à 2017. Si nous avons une diminution nette des recettes provenant de l’activité touristique, elle est compensée par la hausse des droits de quai, due à la reconstruction ». Ainsi, la Collectivité prévoit d’engranger 71 millions d’euros en 2018. C’est le chiffre réalisé en 2016, une année très fructueuse pour les comptes publics, contre 54 millions en 2017, exercice marqué par Irma, et 58 millions en 2015. Prévision optimiste donc, qui suscite l’inquiétude de plusieurs élus.
« Les projets annoncés ne seront pas réalisables »
« Le montant des recettes est peu évident à prévoir », note Xavier Lédée, élu Unis pour Saint-Barthélemy. Même son de cloche du côté de Bettina Cointre (Tous pour Saint-Barth): « On parle d’un principe de précaution, or la baisse de 4% des recettes prévue pour 2018 me paraît très optimiste. » Et de rappeler la faible capacité d’hébergement à Saint-Barthélemy, l’état délabré de l’aéroport Juliana à Sint-Maarten, les incertitudes sur le marché immobilier. « Je trouve que dans la vie, il faut être optimiste», répond Bruno Magras. « Ce sont des prévisions, ce ne sont pas des certitudes. Si les droits de quai continuent d’augmenter, et ce sera le cas, avec tous les grands hôtels impactés, je n’ai pas d’inquiétude. Ces prévisions sont tout à fait raisonnables, et nous avons des reliquats de trésorerie si le besoin s’en faisait sentir. » Pas de quoi convaincre Bettina Cointre, qui vote contre le budget. « Je persiste à dire que les recettes prévues sont trop importantes, et que les projets annoncés ne seront pas réalisables. »
Maxime Desouches (Saint-Barth Autrement), absent au conseil, avait laissé plusieurs pages de remarques que sa colistière Hélène Bernier a entrepris de résumer. Il note par exemple que la reconstruction de locaux pour le CTTSB et l’ATE, au même endroit sur le quai de la République, les expose à de nouveaux dégâts. «On ne va pas construire un office de tourisme dans la savane de Saint-Jean », réplique Bruno Magras.
Transition énergétique, « un vœu pieu »
Le budget primitif prévoit une enveloppe de 500.000 euros pour la transition énergétique. «Une déclaration d’intention sans réalité concrète », considère Maxime Desouches, toujours cité par Hélène Bernier. Xavier Lédée questionne : « Est-ce un vœu pieu ou y a-t-il un projet derrière cette somme ? » « Pour l’instant, c’est davantage un vœu pieu », admet le Président. Qui rappelle qu’il est opposé à l’idée d’éoliennes en mer, ou de champs de panneaux solaires, mais souhaite encourager les initiatives individuelles. Et surtout, prépare le projet d’investissement à la centrale EDF, évoqué plus tard en séance.
Maxime Desouches étant absent, il n’aura pas obtenu de réponse à toutes ses remarques, dont voici la teneur : il considère absurde de financer largement un service de propreté extérieur, sans avoir mené d’étude comparative avec une gestion directe par la Collectivité ; il demande des moyens pour le service urbanisme, afin que soient réalisés des contrôles et des poursuites contre les contrevenants en la matière ; il souhaite le renforcement de la police territoriale pour lutter contre le tapage nocturne ; et il note que, globalement, « les recettes sont basées sur le développement perpétuel de l’île, qui se fait au détriment du bien-être de la population. » Enfin, concernant la caserne des pompiers, qui sera rénovée faute d’être reconstruite ailleurs, il rappelle que le lauréat du concours pour une caserne neuve a déjà été payé, pour rien donc. « Le texte réglementaire veut que le lauréat soit payé, même si le projet est suspendu ou reporté », indique Bruno Magras. Pourquoi laisser les pompiers dans leur caserne, qui a prouvé pendant Irma qu’elle n’était pas adaptée pour des services de secours ? « Nous voulions déplacer les gendarmes dans l’actuelle caserne pour récupérer le fort, qui a une valeur historique, mais la gendarmerie nationale a refusé. Le fort est difficile d’accès, mais a l’avantage de pouvoir accueillir l’hélicoptère à toute heure du jour et de la nuit. Le projet de nouvelle caserne est suspendu, sera-t-il réalisé ou non, nous verrons. »
Fin du débat. Le budget primitif 2018, qui prévoit 53 millions d’euros d’investissement, 76 millions d’euros de fonctionnement, et 71 millions d’euros de recettes, est adopté, malgré deux voix contre (Maxime Desouches et Bettina Cointre) et une abstention (Hélène Bernier).
JSB 1269