Les élus du conseil territorial, réunis le jeudi 18 juillet, ont rejeté la proposition d’actualisation de la grille tarifaire proposée par l’association des taxis. En guise d’actualisation, ils ont voté la mise en application de la grille de nuit de 2018 pour les courses effectuées en journée.
L’association des chauffeurs de taxis de Saint-Barthélemy réclame une revalorisation de sa grille tarifaire depuis plus de deux ans. Jeudi dernier, le 18 juillet, les professionnels du transport attendaient des élus de la Collectivité territoriale qu’ils procèdent à l’actualisation du document. A l’issue d’un débat décousu et animé, les conseillers ont voté favorablement la délibération numéro 4 inscrite à l’ordre du jour, mais après avoir rejeté les propositions qui leur avaient été soumises par l’association. Les élus ont estimé que certaines évolutions des tarifs suggérées par les chauffeurs de taxis n’étaient « pas justifiées ». Aussi, ils ont préféré adopter la proposition de Maxime Desouches, le quatrième vice-président. Celle-ci consiste en une mise en application des tarifs de nuit pratiqués en 2018 pour les courses en journée. Avec un supplément de cinq euros par course à partir de minuit et jusqu’à 5 heures du matin. Des tarifs très éloignés de ceux proposés initialement par l’association des chauffeurs de taxis qui, depuis, ne décolère pas.
« Un tas d’âneries »
« On a bien pris acte que la grande majorité des élus ne prend pas notre métier au sérieux, sanctionne la présidente de l’association, Sabrina Zimmermann. Au lieu de tenir leurs engagements et obligation de mettre la grille à jour depuis deux ans, ils nous font miroiter le fait que ce sera fait le mois suivant. Nous avions proposé un fichier Excel avec la grille et nous devions travailler dessus pour la faire évoluer à l’unisson. Au lieu de ça, elle a été présentée telle quelle et a été sabotée par des personnes qui ne connaissent pas les règles nationales qui nous régissent. Et ils nous ont sorti en dernier recours la grille de 2018 revalorisée de cinq euros. Cinq euros sur six années d’inflation ! » Une décision aussi incompréhensible qu’inacceptable pour la présidente comme pour l’ensemble des professionnels.
Depuis le mois d’avril, c’est Francius Matignon élu du groupe Saint-Barth d’Abord, qui a repris le dossier jusqu’alors traité par Dimitri Lédée, conseiller territorial pour le groupe Action-Équilibre. Après la lecture du rapport par Francius Matignon, Dimitri Lédée a immédiatement réagi. Non sans virulence. « Saint-Barth d’Abord m’avait dit que c’était un travail facile à faire et si c’était pour faire ça, en effet ce n’était pas dur », ironise l’élu, qui prend soin de démonter une à une les propositions inscrites dans la délibération. « Ce n’est pas sérieux, lance-t-il ensuite. Que l’on arrive à avoir ce tas de boue, les bras m’en tombent. Chaque ligne de ce rapport est contestable. Un tas d’âneries. » Pour Dimitri Lédée, l’absence de données concrètes ne permet pas de justifier les hausses de tarifs avancées par les taxis.
Pour que les échanges territoriaux ne virent pas à nouveau à la joute verbale puérile et désordonnée, le président Xavier Lédée s’efforce de tempérer le débat. « Je n’ai pas l’espoir que l’on soit d’accord sur toute la ligne », glisse-t-il avant de rejoindre Dimitri Lédée en estimant que « certaines évolutions ne sont pas justifiées » et que d’autres éléments du rapport sont « difficilement objectivables ». Pour Jonas Brin, élu pour Action-Équilibre, une seule chose compte : « On est tous d’accord sur un point : la grille doit être revue. » C’est à ce moment que Maxime Desouches sort de son chapeau la proposition d’appliquer la grille tarifaire de nuit datant de 2018. Tout en assurant : « Je suis pour que l’on protège nos taxis. » Pourtant, l’ensemble des demandes formulées par l’association ont été rejetées par les élus.
« Plus personne ne travaillera la nuit »
Ces suggestions, puisqu’elles étaient destinées à être débattues lors de séances de travail ou en commission, insiste l’association des chauffeurs de taxis, consistaient notamment en l’ajout d’un supplément tarifaire par passager embarqué, un supplément pour les courses qui concernent des sites et villas difficiles d’accès, un autre par minute de retard des clients (après un délai d’attente de dix minutes). Toutes ont été écartées. « Quand un client arrive 45 minutes en retard, on ne devrait donc rien dire, s’étrangle Sabrina Zimmermann. Attendre dix minutes gratuitement, c’est déjà un effort que l’on ne voit nulle part dans le monde. » Quant aux tarifs de nuit, la présidente de l’association estime qu’ils vont inciter les professionnels à délaisser ces créneaux pourtant essentiels. «Avec les dangers, les clients malades dans le véhicule, les problèmes de santé, les difficultés pour la vie sociale et familiale, plus personne ne travaillera la nuit pour ce tarif, prévient-elle. Il n’y a pas d’intérêt. Même lorsque les heures d’activité des licences temporaires étaient restreintes de 22 heures à 6 heures du matin, aucun chauffeur n’a souhaité effectuer ces plages horaires. Tout cela est grotesque, ridicule. » Mais la colère et la déception n’est pas toujours un obstacle à la clarté.
Ainsi, la présidente de l’association des taxis rappelle quelques données. « En 2017, le prix de l’essence et du diesel était de 1,21 euro le litre, il est aujourd’hui de 1,62 euros pour l’essence et de 1,81 pour le diesel, souligne-t-elle. De plus, depuis Irma, notre assurance est passée de 1.300 à 1.900 euros. » Quant à la main d’œuvre des garages qui s’élèverait à 40 euros, comme il l’a été indiqué pendant le conseil territorial, les chauffeurs de taxis la conteste. De fait, elle est désormais plus proche de 80 à 90 euros que de 40.
Présenter une nouvelle grille ?
Pour l’association des chauffeurs de taxis, la décision prise en séance le jeudi 18 juillet marque une nouvelle étape dans la dégradation de ses relations avec la Collectivité. A tout le moins avec une bonne partie des élus. De fait, lors du vote de l’amendement proposé oralement par Maxime Desouches, seuls deux élus ont voté contre : le président Lédée et Mélissa Lake. Trois élus se sont abstenus (Romaric Magras, Rudi Laplace et Sandra Baptiste). Tous les autres, hormis Marie-Hélène Bernier et Alexandra Questel qui n’ont pas pris part au vote, se sont prononcés favorablement.
Conscient de la confusion et du mécontentement des taxis, le président Lédée indique qu’une rencontre avec le vice-président de l’association est prévue ce jeudi. L’objectif de cet échange est de déterminer si la présentation d’une nouvelle grille, véritablement actualisée, est nécessaire. « On va aussi regarder s’il faut retirer la délibération ou la laisser comme ça, car même si ce n’est pas mon choix, c’est celui des élus », souligne Xavier Lédée. Il semble toutefois difficile d’imaginer que les chauffeurs accepteront de débuter la prochaine saison sur des tarifs datant de l’année 2018.
Pas d’adjoint pour la directrice des services techniques |