Lors d’une réunion des élus territoriaux organisée le jeudi 30 mai, le président de la Collectivité, Xavier Lédée, a annoncé que le projet initial de délocalisation du groupe scolaire de Gustavia à Saint-Jean ne pourra pas être relancé.
Pour voir le groupe scolaire de Gustavia déménager à Saint-Jean, il faudra encore attendre quelques années. Pour peu qu’un nouveau projet soit conçu et amorcé sous la mandature en cours. Car jeudi 30 mai, le président de la Collectivité territoriale, Xavier Lédée, a officiellement annoncé que le projet élaboré par la précédente gouvernance est définitivement abandonné. Pour une raison simple qui a été exposée aux élus réunis en l’hôtel de la Collectivité lors d’une commission générale : les délais légaux de mise en application du projet ont expiré. Par conséquent, pour que le groupe scolaire déménage, il sera nécessaire de relancer tout le processus : études, appels d’offres, concours d’architectes, marchés publics, etc. Un enterrement de seconde classe qui n’a pas manqué de déclencher la colère et l’incompréhension de plusieurs élus. Au premier rang desquels se trouvaient Romaric Magras et Francius Matignon du groupe Saint-Barth d’Abord.
«Les élus ont été baladés »
Pourtant, la commission générale organisée le 30 mai par le président Lédée semblait annoncer une relance du projet. De fait, pendant plus d’une heure, les conseillers territoriaux ont ainsi pu échanger sur les résultats des études menées sur la circulation à Saint-Jean, sur les plans des futurs bâtiments, etc. De quoi ravir les élus attachés au projet initial qui avait été officiellement abandonné le 11 janvier 2023 lors d’un conseil exécutif. Mais leur joie fut de courte durée.
En effet, après 1h30 de discussion, le président Lédée se tourne vers ses responsables de services suite à une question portant sur la possibilité de relancer l’AP/CP (autorisation de programme, pour le budget de fonctionnement / crédit de paiement). C’est à ce moment qu’il est annoncé aux élus que le projet initial ne peut plus être réactivé. Romaric Magras est interloqué. Mais quand Xavier Lédée lui précise qu’il est au courant depuis une semaine, la colère prend le pas sur la stupeur. « Il nous laisse de l’espoir pendant la réunion et annonce qu’il sait depuis une semaine que tout doit être repris à zéro, s’emporte Romaric Magras. C’est une marque de mépris envers tous les élus, mais aussi les habitants et les enfants de l’île. Le président nous a mené en bateau. Tous les élus ont été baladés. »
« Gâchis d’argent public »
De plus, le chef de file du groupe Saint-Barth d’Abord s’étonne que la plupart des élus présents à la commission générale ont semblé découvrir un projet dont ils ont approuvé l’abandon il y a un peu plus d’un an. « J’ai du mal à comprendre que des élus aient pu annuler un projet sans même le connaître, s’étouffe Romaric Magras. Il a été remis en question alors qu’aujourd’hui tout le monde s’aperçoit qu’il était bon. C’est aberrant. Et ce sont quatre années de perdues. Si on repart de zéro, ça prendra au moins deux ans et demi. C’est un gâchis d’argent public. Mais les grands perdants, ce sont les enseignants et les élèves. » L’élu, qui a quitté la salle des délibérations avec Francius Matignon, ne décolère pas.
Très actif sur les réseaux dits «sociaux » depuis une semaine, le président Lédée ne s’est toutefois pas exprimé sur le contenu et le déroulement de la commission générale du 30 mai. Une discrétion qui n’est plus de mise pour Romaric Magras, qui lance : « Ce dossier vient confirmer l’immobilisme de la majorité depuis le début du mandat. Rien n’avance. » Et de s’interroger : « Le président s’amuse-t-il ou est-il incompétent ? » Pour l’heure, Xavier Lédée ne lui a pas apporté de réponse. Une chose est certaine, en revanche, c’est que le projet initial de délocalisation des écoles est bel et bien enterré. Et, pour l’heure, aucun autre projet n’est venu le remplacer.
Sur le terrain de Saint-Jean acheté dix millions d’euros sous la précédente mandature pour accueillir le nouvel établissement scolaire à proximité du stade, le président Lédée entend ériger un skate parc et d’autres aménagements sportifs. Toutefois, pour le moment, il sert de parking. Ou de terrain vague, puisqu’il reste, la plupart du temps, totalement inoccupé.