Lors du débat d’orientation budgétaire 2018, au conseil territorial de vendredi
soir, les élus ont exposé leurs demandes pour l’année à venir.
Irma oblige, les recettes publiques en 2017 ont baissé. Toutefois, « la
Collectivité dégage un excédent de 13 millions d’euros », souligne le président
Bruno Magras. Après une rapide présentation des dernières dépenses liées à
l’ouragan, les élus ont pu exposer leurs observations sur le budget de l’année
qui commence.
« Il me semble important de mettre tous les efforts sur la reconstruction et
principalement les réseaux. Il faudrait constituer un vrai schéma directeur, en
mettant autour de la table tous les acteurs : électricité, téléphone,
assainissement… » commence Xavier Lédée (Unis pour Saint-Barthélemy). « 90% de
l’éclairage public est à refaire, c’est l’occasion de réfléchir à l’utilisation
des énergies renouvelables, notamment le solaire. »
Réponse de Bruno Magras : « Concernant le solaire, des tests ont été effectués
par Sophie Olivaud et n’ont pas été concluants. Par ailleurs, sur la question
des énergies renouvelables, j’ai reçu un courrier de Nicolas Hulot qui souhaite
que Saint-Barthélemy s’associe au projet Teranov sur la géothermie, à
Saint-Kitts. Tant que je serai président, jamais Saint-Barthélemy ne sera
dépendante de deux îles indépendantes », tranche-t-il. Et de rappeler que si
l’Etat s’engage à maintenir la péréquation tarifaire, EDF investira dans de
nouveaux moteurs à Public, plus propres. Concernant l’enfouissement des
réseaux, qui a déjà commencé, le président du conseil territorial note « qu’il
y aura toujours des poteaux et des fils, sur les voies privées, si les gens ne
le font pas eux-mêmes. »
Johnny, le canal et les étangs
Au tour de Nicole Gréaux, vice-présidente, de faire une remarque : « Il faudra
prévoir une ligne budgétaire pour le restaurant scolaire, dont tout le matériel
a été endommagé. » Autre question : « Depuis que Johnny a été enterré à Lorient,
une centaine de personnes passe chaque jour au cimetière. Il faudrait améliorer
le canal de Lorient qui n’est pas très esthétique. » Hélène Bernier
(Saint-Barth Autrement) acquiesce : « En tant que taxi, tous les jours j’emmène
des gens visiter la tombe de Johnny. Il faudrait penser à faire un parking.
»
Après cette courte parenthèse Johnny, Hélène Bernier amène un autre sujet : les
étangs. Saluant le travail accompli à Saint-Jean, elle s’encquiert de la
possibilité de réaliser les mêmes travaux pour Saline, Petit-Cul-de-Sac et
Grand-Cul-de-Sac. « Je me réjouis que Madame Bernier nous encourage, car
lorsque les travaux ont débuté, une plainte a été déposée… par vous, Madame »,
tacle Bruno Magras. « Ma plainte portait sur la mangrove », proteste l’élue,
qui rappelle que des palétuviers ont été arrachés à l’orée du canal. « A
Saline, une famille serait d’accord pour vendre une bande de terrain de 10
mètres de large, suffisante pour effectuer les travaux », informe le Président.
Concernant les deux autres étangs, ils appartiennent à des privés. « Nous avons
fait une proposition d’achat pour Grand-Cul-de-Sac, au prix estimé par France
Domaine. Elle a été refusée car certains pensent que l’étang vaut 19 millions
d’euros… » Trop cher. Et de toute façon, « ce ne sont pas des priorités
aujourd’hui ».
La majorité rassure sur l’état des finances
De l’autre côté de la table, Bettina Cointre, élue Saint-Barth pour Tous,
appelle à la prudence sur le budget de l’année en cours. « En recettes, 2018
sera sans doute à la baisse elle aussi », dit-elle, détaillant les pertes à
prévoir sur les taxes de séjour, l’immobilier… Nils Dufau, en tant que
président du Comité du Tourisme, se charge de la rassurer, avec son optimisme
légendaire : « En 2017, malgré Irma, nous engrangeons 7,5 millions d’euros de
taxe de séjour, soit le record absolu de tous les temps », note-t-il. Selon le
1er vice-président de la Collectivité, l’objectif de 50% d’hébergements
disponibles ne sera peut-être pas tenu en mars, mais le sera en avril, et 80 %
à l’été. Il assure que tous les signaux sont bons, venant de l’extérieur,
notamment des bateaux de croisière. De quoi soutenir l’économie de
Saint-Barth.
Des Assises de l’environnement ?
Micheline Jacques, vice-présidente, espère que le budget 2018 prendra en compte
l’environnement, dont elle préside la commission dédiée. « Nous sommes les
premiers à subir les effets du réchauffement climatique. Le succès touristique
de l’île tient aussi à son environnement. Nous nous devons de faire de
Saint-Barthélemy un modèle, pour les Caraïbes, voire pour les Outre-mer et la
France métropolitaine », argumente celle qui est aussi présidente de l’Agence
territoriale de l’environnement. « C’est pourquoi je vous propose que l’on
organise, en mai-juin, les premières assises de l’environnement, en y associant
la population. Je ne vous cache pas que cela nécessitera une ligne budgétaire.
»
« La plupart des membres de la commission Environnement n’étaient pas
favorables à cette idée », précise Bettina Cointre, « étant donné le nombre de
réunions et de conférences déjà faites. Certains rapports ont été effectués et
ne sont pas pris en compte. » Micheline Jacques défend son idée : « Je précise
que je pense à un engagement de toute la population. »
S’ouvre le chapitre de la culture, porté par Elodie Laplace. « Différents
projets pour 2018 nécessitent un poste budgétaire », prévient la conseillère
territoriale Saint-Barth D’abord. Réfection de la bibliothèque, de l’ancienne
mairie (« nous proposons d’y installer un service d’archives et une médiathèque
»), création d’un parcours culturel dans Gustavia avec audio-guides,
numérisation des archives, aménagement de l’espace Gustaf III, et refonte du
site internet de la Collectivité. « Merci, c’est un programme chargé »,
commente Bruno Magras. « La vérité, c’est que les restaurations sont déjà
prévues, mais la difficulté est de trouver des artisans disponibles »,
note-t-il.
Dernier à exposer ses doléances, Andy Laplace attire l’attention des élus sur
l’importance de la sécurisation du réseau d’eau entre Vitet et Colombier. Il
évoque l’installation d’abris sûrs à Lorient, notamment dans le futur bâtiment
administratif, « j’émets quelques réserves. Car je pense que la mer peut monter
jusque-là. Quand on voit où s’est retrouvée la cabane de surf… Ce qui me permet
de faire une transition, car le troisième point que je voulais soulever, c’est
que ce serait bien de reconstruire la cabane de surf. »
Andy Laplace était le dernier à s’exprimer sur les orientations budgétaires de
l’année 2018. Le débat étant clos, les élus ont acté sa tenue, obligatoire
avant le vote du budget en tant que tel, qui interviendra prochainement.
JSB 1265