Bruno Magras a rappelé au CTTSB sa vocation touristique, et non artistique, au cours d’un débat sur l’installation de l’association dans l’ancienne mairie, une fois celle-ci reconstruite. Certains élus auraient aimé donner une autre destination à ce bâtiment convoité.
Le Comité territorial du tourisme met depuis quelques mois voire années l’accent sur l’art comme argument de vente touristique. Une stratégie qui s’est concrétisée avec la première édition de la Saint-Barth Art Week, la semaine dernière dans les hôtels de l’île, en partenariat avec l’association Artists of Saint-Barth (JSB n°1313).
Vendredi, les élus ont validé le projet de reconstruction de l’ancienne mairie, à Gustavia. Elle aura le même aspect qu’autrefois, avec le bardage bois vert et les volets blancs, et accueillera le CTTSB, serré dans un bureau provisoire rue Samuel-Fahlberg depuis Irma. Pour continuer sur la politique artistique de l’association, outre les bureaux, le projet proposé par les services techniques incluait une salle d’exposition au rez-de-chaussée. Cette idée a visiblement fait grincer des dents au sein de la commission culture de la Collectivité, poussant le président à mettre les points sur les “I”. Il a opposé un non définitif à cette idée de salle d’exposition. « La salle d’exposition, je crois que nous l’avons au musée Wall House. Pour moi, la culture et l’art vont ensemble. Le tourisme bénéficie certes des activités culturelles et artistiques que nous proposons, mais il faut que chacun reste à sa place. Il faut un leadership dans tout ce que l’on fait. Bien évidemment, les différents services de la Collectivité peuvent collaborer. Il n’est pas dit que parce que la commission culture mène une action que le CTTSB ne peut pas apporter sa contribution, et vice-versa. Mais pour que les vaches soient bien gardées, il faut que chacun reste à sa place », insiste-t-il.
Plutôt une médiathèque…Par ailleurs, la reconstruction de cette belle bâtisse, avec un jardin, donne des idées à certains. Pour Bettina Cointre, « il est important de reconstruire ce bâtiment historique et symbolique. Mais il me semble inutilement grand pour le CTTSB. Ils vont passer d’un espace réduit à quelque chose de très important. On pourrait mieux utiliser cet espace en le séparant, et en utilisant une partie pour le CTTSB et une partie pour autre chose. Ou alors, ce qui me semblait plus cohérent, c’était le projet de médiathèque. » Maxime Desouches abonde dans son sens : « Je suis favorable à cette reconstruction, mais je ne pense pas qu’il soit opportun, ce soir, de décider que l’on construit pour le CTTSB. » L’an dernier, lors du débat d’orientations budgétaires 2018, Elodie Laplace avait déjà mentionné l’ancienne mairie, elle escomptait y installer les archives territoriales et une médiathèque.
« J’y ai passé dix-neuf ans », répond Bruno Magras, « les locaux que vous trouvez très grands ne sont pas excessivement grands. Les touristes qui arrivent au port ont besoin d’aller à l’office du tourisme ; ils ne génèrent pas de trafic. Pour une médiathèque, il faut un parking. » « Il y aura un magnifique parking rue de la Paix... » rétorque Bettina Cointre. « Ce n’est pas parce qu’on aura un parking à Gustavia qu’il faut accentuer la demande de parking », reprend le Président. « L’espace dans l’ancienne mairie est très restreint. Le secrétaire de mairie travaillait dans un bureau de 5 m2, le service d’état civil était dans un couloir. Ce n’est pas énorme. » « Nous avons aussi besoin d’espace de stockage », ajoute Nils Dufau, en tant que président du CTTSB. « Quand on organise par exemple les fêtes de Noël, c’est très compliqué, on se prend des PV… »
Ernest Magras, lui, imagine tout autre chose et recherche à rentabiliser le bâtiment, en y installant des boxes de stockage pour les entreprises de Gustavia.
Le lancement de la reconstruction, et l’attribution des locaux au CTTSB, sont votés (sans salle d’exposition), avec l’abstention d’Hélène Bernier et la voix contre de Bettina Cointre.
JSB 1315