Le neuropsychiatre et pédopsychiatre Olivier Revol présentera vendredi une conférence sur le thème : “Les relations frères et sœurs. Tous différents, une place pour tous”. Sujet universel s’il en est.
On parle souvent des relations amoureuses, des liens parents-enfants, moins de ceux qui unissent une fratrie. « Pourtant, c’est la relation la plus longue que nous connaissons au cours de notre vie », note Olivier Revol, pédopsychiatre et neuropsychiatre à Lyon.
Il animera vendredi 26 avril une conférence au restaurant scolaire de Gustavia, organisée par l’association Emma. Avec un premier volet sur les mécanismes de la fratrie traditionnelle, et un second consacré aux cas où l’un des enfants est atteint d’une maladie (autisme, handicap, épilepsie, etc.). « De Romulus et Remus, Isis et Osiris, en passant par Caïn et Abel, la fratrie a construit bien des choses dans l’histoire de l’homme », rappelle le docteur. Dans une fratrie classique, « il existe une rivalité normale et même souhaitable, car elle permet de s’entraîner aux relations sociales futures. Toutes les études le prouvent. » Cette rivalité est toujours plus marquée entre enfants du même sexe. La position dans la fratrie est aussi déterminante dans la construction de l’enfant. « L’aîné a sans doute la position la plus compliquée, car il fabrique les parents. Il essuie un peu les plâtres. Les parents sont plus natures, ils savent faire, avec les enfants qui suivent. »
On entend souvent dire que l’enfant unique a davantage de mal avec les conventions sociales. « Je n’en suis pas certain », indique Olivier Revol. « Cela l’oblige à aller vers les autres pour ne pas se contenter de la sphère familiale. En revanche, comme pour le dernier de la fratrie, le départ de la maison est plus difficile pour l’enfant unique. Il est plus facile de partir quand il y a les autres derrière, qui restent. Particulièrement à Saint-Barthélemy ou les enfants partent tôt. »
L’impact de l’arrivée d’un enfant différent
Quand la famille accueille un enfant différent, les règles du jeu se compliquent. « L’arrivée d’un enfant différent modifie les interactions entre les parents et les enfants “sains”. Ces derniers culpabilisent, et quand ils voient l’impact de cette arrivée sur leurs parents, ils ont tendance à la mettre en veilleuse, faire le moins de bruit possible, ne jamais se plaindre. Ils murissent souvent plus vite que les autres, sont sérieux. Nous sommes frappés du taux élevé d’enfants surdoués –on dit maintenant à haut potentiel- dans les familles comportant un enfant malade. » Résumé : ce n’est pas parce que tout va bien en apparence pour lui qu’il faut délaisser l’enfant “sain”. « Cette situation peut aussi être, pour lui, un moteur d’empathie. Je suis toujours étonné du nombre de frères et sœurs d’enfant malade qui ont fait carrière dans le domaine médical. »
Et une fois adulte, que deviennent ces relations forgées dans les méandres de l’enfance ? Comment résistent-ils, en particulier, à l’épreuve de la disparition des parents ? Une question que le neuropsychiatre n’aura pas le temps d’aborder au cours de la conférence de demain, d’autant qu’il est davantage spécialisé dans les problématiques des plus jeunes. « Mais à mon avis, il y a deux écoles. Dans les familles standard, la disparition des parents contribue à renforcer les liens. Mais quand il y a des fractures, elles se révèlent au décès des parents, qui maintenaient les liens. Beaucoup de familles explosent. Encore plus quand il y a des questions d’héritage qui s’ajoutent ! Quoi qu’il en soit, cette épreuve est un bon révélateur de la qualité de la relation entre frères et sœurs. »
> Vendredi 26 avril à 18 heures au restaurant scolaire de Gustavia.