Un jeu basé sur les effets d’une catastrophe naturelle. Tel pourrait être l’intitulé de l’Ouragame. Mais il s’agirait d’une présentation des plus réductrices. En réalité, ce jeu à vocation pédagogique a été conçu à partir des résultats scientifiques obtenus dans le cadre du projet de recherche baptisé Tirex. Celui-ci avait été mis en place après le passage de l’ouragan Irma, en septembre 2017. Ouragame présente le fonctionnement d’un territoire fictif après le passage d’un cyclone majeur. Le projet est porté par Delphine Grancher, ingénieure, Brice Anselme, maître de conférence sur la géomatique et l’environnement, et Paul Durand de l’université Paris 1.
Samedi dernier, dans le cadre des Journée de la résilience, les enfants de l’île ont été invités à découvrir le jeu dans les locaux de l’Agence territoriale de l’environnement, à Gustavia. Encadrés par des scientifiques et par des membres de la Croix Rouge, ils ont pu se plonger dans l’univers, parfois familier, de l’Ouragame. « L’objectif est de travailler avec les enfants, explique Delphine Grancher. Il y a beaucoup de choses qui sont floues pour eux, notamment sur l’après événement. » Le jeu se base, comme précisé plus avant, sur les résultats de recherches. « On a suivi les populations et il y a parfois une frustration, voire de la colère, particulièrement chez les enfants quand ils voient que les hôtels sont reconstruits et pas les écoles », constate la scientifique. Les causes profondes ont donc été analysées afin de fournir des explications. Notamment par le biais du jeu. « C’est ce que l’on appelle un jeu sérieux, pendant lequel on aborde un sujet difficile, précise Delphine Grancher. Mais pas de manière sinistre ! » De fait, les enfants semblent prendre un certain plaisir à jouer avec leur aînés. Une enfant tire une carte ressources. «Il y a besoin de véhicules », lit elle. Son voisin lui tend une carte. « J’ai de l’argent », sourit-il. Ça sert toujours… « Il est important d’expliquer qu’après une catastrophe, tout le monde a quelque chose à faire, un rôle à jouer, même les enfants », souligne Delphine Grancher. De plus, chaque session se termine par un retour d’expérience avec les enfants. Quelle carte n’est pas utile ? Quelle autre devrait être ajoutée ? « Chaque carte peut amener une discussion, glisse la scientifique. Le projet est de l’adapter, de créer des extensions pour chaque territoire. Par exemple, à Saint-Barth, des enfants nous ont dit de rajouter une carte pour les personnes isolées sur les bateaux. »
Il est à noter que les boîtes de jeu sont offertes dans les Iles du Nord par la Fondation de France. Le jeu existe déjà en anglais et va être traduit en espagnol, en allemand et en créole. Pour se le procurer, il faut en faire la demande à Delphine Grancher par courriel (delphine.grancher@cnrs.fr). Ouragame sera commercialisé prochainement.