Guadeloupe/Martinique.
Chlordécone : l'État reconnu responsable
Mardi 11 mars, la cour administrative d'appel de Paris a reconnu, mardi, la responsabilité de l'État dans le scandale du chlordécone aux Antilles. Une décision de justice qui a été relayée dans toute la presse française, hexagonale et ultramarine. Saisie par 1.286 plaignants de Martinique et de Guadeloupe, la cour a estimé que « l'État a commis des fautes en accordant des autorisations de vente d'insecticides à base de chlordécone, en permettant leur usage prolongé, en manquant de diligence pour évaluer la pollution liée à cet usage, y mettre fin, en mesurer les conséquences et informer la population touchée ». Toutefois, seuls neuf travailleurs antillais des bananeraies présentant un fort risque de cancer de la prostate ou une crainte de récidive de la maladie seront indemnisés. Ils le seront en raison de preuves (analyses sanguines et études environnementales) permettant d'établir une « exposition effective à la pollution des sols, des eaux ou de la chaîne alimentaire » et un risque élevé de développer une pathologie grave. Pour mémoire, le chlordécone été autorisé en France jusqu'en 1990 et avait bénéficié d'une dérogation jusqu'en 1993 aux Antilles, malgré les alertes de l'Organisation mondiale de la santé qui l'avait classé dès 1979 comme « cancérogène possible ». Plus de 90% de la population adulte en Guadeloupe et Martinique est contaminée par le chlordécone, selon l'Agence nationale de sécurité sanitaire, citée par France 24, qui a conclu en juillet 2021 à une relation causale probable entre chlordécone et risque de cancer de la prostate. En 2022, le tribunal administratif de Paris avait souligné des « négligences fautives » de l'État, mais avait rejeté les demandes d'indemnisation pour préjudice d'anxiété, estimant qu'aucun élément ne permettait de justifier. Si les avocats des plaignants et les associations de défense des victimes du chlordécone ont salué cette décision de la cour administrative d’appel, ils regrettent que le « préjudice d’anxiété » n’ait été reconnu que pour un faible nombre de victimes. « Le dossier avance et les combats continuent », ont indiqué dans un communiqué Jean-Marie Flower et Patricia Chatenay-Rivauday, de l'association VIVRE Guadeloupe, une des trois associations qui ont saisi la cour.
Iles Vierges (US).
La flambée du prix des œufs
Le Département de la Justice étasunien a ouvert une enquête sur la flambée spectaculaire des prix des œufs dans tout les Etats-Unis, explique un article du Virgin Islands Consortium. Une évolution qui a attiré l'attention des consommateurs et des décideurs politiques dans un contexte d'épidémie de grippe aviaire persistante et d'inquiétudes croissantes quant au coût de la vie. L'enquête, rapportée par le Wall Street Journal et Forbes le 7 mars, vise à déterminer si les principaux producteurs d'œufs se sont livrés à des pratiques anticoncurrentielles, telles que des collusions visant à gonfler les prix ou à restreindre l'offre, ou si les hausses de prix sont uniquement imputables à des facteurs externes comme la crise de la grippe aviaire. Le prix des œufs a atteint des niveaux sans précédent, écrit le VIC. Le tarif moyen d'une douzaine d'œufs de grande taille a atteint 4,95 dollars en janvier 2025 aux États-Unis, selon le Bureau of Labor Statistics, dépassant ainsi le précédent record de 4,82 dollars établi en janvier 2023. Le prix d'une douzaine d'œufs dans les Îles Vierges est encore plus élevé, atteignant 12,99 dollars pour certaines catégories. Dans d’autres régions du continent étasunien, les prix ont dépassé la moyenne actuelle de 4,95 dollars, la douzaine d'œufs pouvant atteindre 10,99 dollars à San Francisco et 8,41 dans le Midwest. Le ministère américain de l'Agriculture (USDA) prévoit une hausse potentielle de 20,3% du prix des œufs en 2025, invoquant l'impact dévastateur de la grippe aviaire, qui a entraîné l'abattage de plus de 166 millions d'oiseaux depuis 2022, dont 27 millions depuis l'entrée en fonction du président Donald Trump en janvier. « L'enquête n'en est qu'à ses débuts et on ignore encore si elle donnera lieu à des poursuites civiles ou pénales », précise le VIC.
Grenade.
Une forte croissance économique, malgré l’ouragan Beryl
Lors d’une conférence de presse, relayée par le Caribbean National Weekly, le ministre des Finances, Dennis Cornwall, a présenté le budget national de Grenade. Celui-ci s’élève à près de 650 millions d’euros, prévoyant une croissance du PIB (produit intérieur brut) réel de 4,1 % en 2025, tirée par la demande touristique et les efforts de reconstruction post-ouragan, après une croissance de 3,7 % en 2024. Le ministre a noté que les prix à la consommation ont baissé en 2024, grâce à des mesures gouvernementales comme la suppression de la TVA sur les produits alimentaires de base et les produits de première nécessité ainsi que les subventions aux prix de l'électricité et du pétrole. L'inflation alimentaire reste toutefois élevée, a-t-il souligné. Le taux de chômage se maintient à hauteur de 12% des actifs. Malgré des dépenses exceptionnelles liées aux dégâts causés par le passage de l'ouragan Beryl, le gouvernement a dégagé un excédent de 146,9 millions d’euros. Pour financer la construction d’un nouvel hôpital, une enveloppe de 8 millions d’euros va être ouverte, à laquelle s’ajoutera 25 millions de dollars obtenus dans le cadre d’un projet baptisé « Polaris ».
Sainte-Lucie.
Vers l’élaboration d’une politique migratoire nationale
Par communiqué, le gouvernement de Sainte-Lucie a annoncé un partenariat avec l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) afin d'élaborer une politique migratoire nationale visant à renforcer la gestion des migrations et à aligner les politiques sur les meilleures pratiques internationales. Cette initiative, relayée par le Caribbean National Weekly et le St.Lucia Times, menée par le ministère des Affaires étrangères, du Commerce international, de l'Aviation civile et des Affaires de la diaspora, s'inscrit dans le cadre d'un projet plus vaste lancé plus tôt cette année pour garantir que les politiques migratoires soutiennent les stratégies nationales de développement. «Conscient du rôle crucial des migrations dans le paysage socio-économique de Sainte-Lucie, le gouvernement a souligné qu'une politique bien structurée contribuera à aborder des domaines clefs », écrit le CNW. Il cite notamment le marché du travail et la disponibilité des compétences, la croissance économique, l'engagement de la diaspora, la gestion des frontières et l'intégration sociale.
Iles Vierges britanniques.
Installation de détecteurs de métaux au lycée
Signe des temps et surtout d’une délinquance grandissante, la ministre de l'Éducation des Îles Vierges britanniques, Sharie de Castro, a annoncé son intention d'installer des détecteurs de métaux au lycée Elmore Stoutt High School (ESHS) dans le cadre d'une initiative plus vaste visant à renforcer la sécurité de l'établissement. Lors d’une conférence de presse suivie par le Daily News, la ministre a précisé que les détecteurs devraient être opérationnels avant la fin de l’année. Elle a toutefois souligné que la nécessité d'un renforcement de la sécurité au lycée va au-delà des détecteurs de métaux. Des plans sont en cours pour renforcer le périmètre de l'établissement en achevant la construction d'un mur d'enceinte. Ce projet vise à empêcher l'accès non autorisé au campus, notamment aux armes et aux drogues. Sharie de Castro envisage également d'étendre la surveillance en installant davantage de caméras de sécurité autour du périmètre de l'école. Ces mesures interviennent à la suite d’incidents impliquant des élèves portant des armes et consommant des drogues. La ministre a précisé qu’une nouvelle politique de suspension immédiate pour les élèves trouvés en possession d'objets de contrebande sur le campus a été mise en place.
Saint-Vincent-et-les-Grenadines.
Le gouvernement acquiert l’île Balliceaux
Le gouvernement de Saint-Vincent-et-les-Grenadines a annoncé jeudi dernier que l'île Balliceaux faisait officiellement partie du patrimoine national, rapporte le Carribean National Weekly. Le premier ministre Ralph Gonsalves a annoncé cette décision en soulignant l'importance culturelle et historique de l'île. L'acquisition, finalisée mercredi 5 mars, a été effectuée en vertu de la loi sur l'acquisition foncière, qui autorise le gouverneur général à déclarer des terres d'utilité publique, explique le CNW. Dans ce cas, les terres de Balliceaux seront préservées en tant que site commémoratif culturel et historique. « Les terres seront dévolues en intégralité à la Couronne, et cette déclaration garantit l'appartenance de Balliceaux à notre patrimoine national, a déclaré Ralph Gonsalves. Cette acquisition permettra de préserver Balliceaux pour les générations futures, symbole de notre histoire. » L'île revêt une importance historique profonde pour le peuple de Saint-Vincent-et-les-Grenadines, notamment en raison de son rôle dans l'histoire tragique des peuples Garifuna et Kalinago, rappelle le CNW. En 1795, plus de 2.000 Garifuna et Kalinago furent exilés sur l'île par les Britanniques, où nombre d'entre eux périrent dans des conditions difficiles. Cet événement, connu sous le nom de massacre de Balliceaux, est un élément clef de l'histoire coloniale de la région et constitue depuis longtemps un lieu de mémoire culturelle pour le peuple Garifuna. L'île est située à environ huit kilomètres au large de la côte sud de Saint-Vincent et est aujourd'hui quasiment inhabitée.
Jamaïque.
Une hausse du seuil d’imposition sur le revenu
Un article de l’Observer est consacré à une mesure annoncée le mardi 11 mars par la ministre des Finances, Fayval Williams, lors du débat budgétaire gouvernemental. A compter du 1er avril, les Jamaïcains bénéficieront d'une augmentation du seuil d'imposition du revenu sur une période de trois ans. Celle-ci doit leur permettre de percevoir une plus grande part de leurs revenus. L’ajustement s’effectuera donc en trois phase d’élévation du seuil. Il passera à 11.454 dollars le 1er avril prochain, à 12.091 en 2026 et à 12.727 en 2027. « En procédant ainsi, nos contribuables, qui travaillent dur, n'auront plus à se demander, année après année, si le seuil va augmenter », a déclaré la ministre. Les personnes dont les gains sont inférieurs ou égaux au seuil ne seront pas soumis à l’impôt sur le revenu. Cette augmentation s'inscrit dans la continuité d'une tendance amorcée en 2017, explique l’Observer, lorsque le seuil d'imposition est passé à 9.645 dollars, conformément à une promesse électorale du Parti travailliste jamaïcain de 2016. Plus récemment, le seuil a été relevé à 10.818 dollars au début de l'exercice fiscal en cours, en avril, pour un coût de 57 millions de dollars. Bien que Fayval Williams n'ait pas précisé le coût total de cette dernière augmentation, l'ancien ministre des Finances, Nigel Clarke, avait précédemment estimé que le relèvement du seuil à 13.363 dollars coûterait environ 150 millions de dollars au gouvernement.
Saint-Martin.
La Collectivité adhère à l'Organisation des États de la Caraïbe Orientale
Les 19 et 20 mars prochain, la cérémonie d'adhésion de la Collectivité de Saint-Martin à l'Organisation des États de la Caraïbe Orientale (OECO) aura lieu à l'hôtel Secret de l'Anse Marcel, explique le Soualiga Post. Une annonce faite lors d’une conférence de presse tenue le lundi 10 mars en présence de Louis Mussington, président de la Collectivité et Cyrielle Cuirassier, conseillère en action extérieure. « Avec l’OECO, la Collectivité va au-delà de la coopération régionale. Elle s’inscrit dans l’action extérieure, l’intégration régionale, un processus qui permettra l’harmonisation de certaines politiques et l’activation de leviers de croissances, de développements économiques, sociaux, culturels et environnementaux », a expliqué Cyrielle Cuirassier dans les colonnes du Soualiga. Les onze chefs des États membres de l’OECO seront présents à Saint-Martin pour la cérémonie d’adhésion. L’organisation compte sept États et territoires membres depuis 1981 : Antigua-et-Barbuda, la Dominique, Grenade, Montserrat, Saint-Kitts-et-Nevis, Sainte-Lucie, Saint-Vincent et les Grenadines. Elle compte aussi quatre territoires membres associés : les îles vierges britanniques depuis 1984, Anguilla depuis 1995, la Martinique depuis 2015 et la Guadeloupe depuis 2019.